Les Iles Vierges (USVI et BVI)
Saint-Thomas (USVI) : Enjoy your stay with us ! (2/03 - 4/03/2011)
Beaucoup d'hésitations dans notre façon d'aborder les Iles Vierges Américaines : elles sont au nombre de trois : Saint-Thomas,
Sainte-Croix et Saint-John et disposées en triangle dont la pointe est formée par Sainte-Croix, éloignée des deux autres d'environ
40 milles vers le Sud. Nous avions initialement pensé "zapper" Saint-Thomas dont le seul intérêt est le duty-free shopping dans
les divers centres commerciaux de Charlotte-Amalie, pour descendre vers Sainte-Croix directement, Sainte-Croix dont l'intérêt
historique nous semblait plus évident. Mais la météo n'a pas vraiment aidé pour ce type de trajectoire. Nous commençons donc par
Saint-Thomas.
La navigation pour y arriver n'a pas été trop compliquée si ce n'est que nous avons fait une grosse bêtise...J'entends Julien nous
dire : "je vous avais prévenus !". Alors que le vent faiblissait et que nous n'avancions plus à la voile, nous avons remis les moteurs
sans remonter nos lignes de traîne...ce qui d'habitude ne pose pas de problème, si ce n'est qu'à ce moment-là, le bateau n'avait pas vraiment
assez de vitesse. Résultat : une des deux lignes s'est prise dans une hélice et a cassé net ! Par précaution, nous avons remis au point mort
le moteur tribord, du côté où la ligne était fixée. Et voici notre cata unijambiste ! Ceci n'est pas un inconvénient lorsqu'il n'y a ni vent
ni courant mais dans cette navigation, il y avait courant et vent très variable : de rien à tout à coup 18 noeuds ! Nous nous en sommes
finalement complètement remis à Eole, un seul moteur présentant plus un inconvénient qu'un avantage dans le tracé de notre route, qui fut donc
un peu erratique et parfois vraiment très lente.
Pour vérifier les dégâts éventuels sur l'hélice et dégager la ligne, nous avons opté pour un mouillage plus éloigné de la ville, au pied du campus
universitaire et près de l'aéroport (encore !), Brewer's Bay, mouillage beaucoup moins encombré que celui de Long Bay. En plus, il est bordé
d'une belle plage et l'on peut se rendre à Charlotte-Amalie en bus moyennant 1 USD par personne : enfin des transports en commun qui
fonctionnent ! Des rémoras nous prennent ici pour un gros requin : 5 à 6 de ces poissons qui ressemblent à de petits squales ont élu domicile soous le bateau
et se régalent de tout ce qui peut tomber des coques (sans commentaire !).
Au final, concernant nos lignes, plus de peur que de mal : peu de fil
entouré autour de l'hélice et pas de dégât sur les joints des S-drives. Tout est bien qui finit bien ! Mais nous voici bien avertis : nous serons
plus attentifs à la vitesse du bateau avant de remettre les moteurs et nous en tirerons la conclusion qui s'impose concernant les lignes.
Comme à chaque arrivée dans un nouveau territoire, il nous faut effectuer des formalités : mais ici, c'est express. Un simple coup de téléphone,
et nous nous identifions grâce au numéro de notre 'cruising permit' obtenu à Puerto Rico.
Le lendemain de notre arrivée, nous prenons le bus pour aller visiter la capitale des USVI (puisque nous sommes là...). Le centre
n'est qu'une immense galerie commerciale dédiée aux bijoux, montres et alcools (assez peu d'électronique bizarrement mais comme nous
avons cassé notre appareil photo, nous en rachetons un pas trop cher - surtout avec le change actuel - étanche et résistant aux chutes, ce qui a
été fatal au précédent). Ces magasins sont cependant installés dans les anciens entrepôts de la ville, qui est devenue un port franc depuis
son occupation danoise. La promenade, quoique clinquante, est tout de même agréable, à la découverte des multiples galeries qui séparent
chacun des bâtiments. En dehors de Main Street, il y a également trois autres gigantesques galeries marchandes, installées près des marinas,
pleines de superbes yachts, et des quais de débarquement des bateaux de croisière.
Un seul paquebot était à quai lorsque nous avons visité la ville. Les commerçants en paraissaient d'ailleurs assez contrits. La vraie question
reste cependant : comment autant de commerce arrivent-ils à survivre, même avec cinq paquebots à quai en même temps, ce qui ne doit pas être le
cas toute l'année et certainement pas tous les jours, même en saison. Nous croiserons un couple de retraités canadiens anglophones, qui noueront
la conversation au cours d'une averse, fascinés qu'ils auront été par les boucles blondes de Lucas (!).
Nous changeons encore d'avis concernant Sainte-Croix ; finalement, nous n'y descendrons pas car les prévisions météo à plusieurs jours nous indiquent
l'arrivée d'un nouveau front avec du vent Nord-Est fort, ce qui signifie que si nous descendons, la remontée vers Saint-John sera galère, à moins
d'attendre plusieurs jours que le front ne se dissipe. Nous ne souhaitons pas être coincés au Sud alors que nous avons encore beaucoup de choses à
découvrir à Saint-John et aux Iles Vierges Britanniques (BVI). Nous devons être en Guadeloupe début avril et nous avons horreur d'être pressés,
d'autant plus que la meteo peut ne pas nous être favorable. Tant pis donc pour la vierge Sainte-Croix, nous avons déjà vu des forts, des cailloux avec
des poissons et des mangroves...
Great Saint James : enfin des poissons ! (5/03 - 6/03/2011)
Avant de quitter Saint-Thomas pour Saint-John, nous allons nous poser à Christmas Cove, à l'abri de Saint-James, une petite île à la pointe
Est de Saint-Thomas. C'est mignon, l'eau est claire mais nous ne sommes pas vraiment seuls : il y a 20 bouées et elles sont toutes occupées.
Le mouillage est aussi un peu agité par les vagues des ferries et autres bateaux à moteur qui emprunte le passage Nord vers Saint-John.
Cependant, nous avons pu enfin retrouver des poissons à observer avec masque et tuba : cela faisait bien longtemps ! Rien d'extraordinaire
à observer : un gros poisson-vache à polygones, beaucoup de beaux oursins, des gorettes, des poissons papillons, quelques petits
perroquets, diodons, tortues et lambis et surtout un joli banc de calamars.
Ce n'est pas le Venez mais cela fait plaisir !
Saint-John : Round Bay, ça tourne ! (7/03 - 8/03/2011)
Nous longeons à la voile toute la côte Sud de Saint-John pour rejoindre l'immense baie située à l'Est de l'île. Pas moins de huit virements
pour parcourir cette côte ! Nous avons le choix entre plusieurs mouillages de types très différents : Coral Bay près du village, mais c'est
un parking à bateaux, la mangrove d'Hurricane Hole, mais nous avons envie d'un mouillage ouvert. Alors nous jetons notre dévolu sur Hansen Bay,
bordée de rochers de granit vert, de cayes et de plages de gros sable. L'eau est vert émeraude et le rivage assez sauvage malgré quelques
habitations éparpillés dans les collines. Le vent tourbillonne d'ailleurs beaucoup entre ces collines : nous parcourons donc quelques milles
(entre 2 et 3) autour de notre ancre.
Les vierges commencent ici à se révéler et nous reprenons avec plaisir nos habitudes de petits canards palmés pour aller observer les
coraux : beaucoup ne sont pas très en forme mais il subsiste de très beaux coraux éventails violets et de coraux branches couleur or.
Les perroquets ont de nouveau une taille acceptable et plusieurs tortues habitent les herbiers.
Salt Pond Bay et Great Lameshure Bay (9/03 - 10/03/2011)
Ces deux mouillages sont situés dans le parc national de Saint-John. Saint-John a été achetée par Rockefeller aux Danois qui en a fait
don à l'Etat américain à la condition qu'il en fasse un parc national. La plus grande partie de l'île est donc classée réserve naturelle
et le mouillage sur ancre est interdit dans la plupart des baies. Nous retrouvons donc les bouées payantes, pour le bien des fonds marins.
La protection de ces endroits semble effectivement donner ses fruits car nos deux mouillages de ces derniers jours sont vraiment agréables que
ce soit pour le snorkeling ou la simple vue alentour. Le règlement se fait en glissant son argent dans une enveloppe sur laquelle on inscrit
le nom de son bateau et la date. Même si nous sommes français, nous ne resquillons pas car les surveillants volontaires veillent. Et puis
c'est pour une bonne cause.
Fait notable : pour la première fois, nous avons pu observer une grande raie léopard, plus précisément un aigle de mer léopard. Majestueux !
Maho Bay : swimming with sharks (11/03 - 12/03/2011)
Notre dernière étape à Saint-John nous amène au Nord de l'île dans une très grande baie tournée vers l'Ouest et protégée par un très gros
caillou. Entre Saint-John et les Iles Vierges Britanniques, le plan d'eau est très fréquenté, comme un dimanche de régate.
Le mouillage aussi nous paraît bondé : il y a une bonne cinquantaine de bouées entre Maho Bay et Francis Bay et à la tombée de la nuit,
elles sont toutes occupées. Derrière le "champ" de bouées, quelques très grands yachts, très très luxueux, à voiles ou à moteur, ont jeté l'ancre.
Certains sont même tellement sophistiqués qu'ils se contentent de se mettre en stand-by pour la nuit : aucun point d'attache, seulement les
moteurs qui tournent et sans doute un super système de pilotage automatique qui les maintient à la même position GPS.
Dans les collines qui dominent Maho Bay, il y a une sorte de campement "eco-friendly". Les bungalows sont cachés dans la végétation, reliés
entre eux par de jolies passerelles de bois.
Devant le bateau, nous assistons à une petite bataille entre des petits requins pour récupérer un poisson perdu par une frégate. Le snorkeling
nous permet aussi d'apercevoir deux requins-nourrices, dont un de bonne taille. Les rochers abritent aussi de grandes nurseries de carangues et
de gorettes qui ondulent au milieu des grandes feuilles de coraux.
Avant de quitter définitivement Saint-John, nous irons explorer le sentier sous-marin de Trunk Bay : assez décevant en fait. Trois bouées marquent
un chemin sous l'eau avec quelques dalles explicatives immergées. Très peu d'espèces à observer. Il faut sortir des sentiers battus pour
apercevoir les plus beaux coraux et les gros barracudas. Nous nous sommes un peu laissés berner par l'attraction à touristes !
Jost Van Dyke : bienvenue aux BVI (13/03 - 14/03/2011)
Pour faire notre entrée aux BVI, nous avons choisi Great Harbour à Jost Van Dyke. L'île est assez petite, peuplée de 200 habitants,
mais tellement fréquentée par les bateaux de tout type qu'un poste de clearance y a été installé.
On peut se plaindre de la politique américaine pour ce qui est des contraintes de visas imposées aux navigateurs mais nous en
comprenons maintenant l'intérêt : cela limite la fréquentation. Dans les îles Vierges Britanniques, nous trouvons la foule des charters.
Le mouillage de Great Harbour est assez étroit, plein de bouées payantes (plus chères qu'aux USVI car gérées par le secteur privé !) sont
installées et l'on a l'impression d'être sur un parking de supermarché : les bateaux font la queue pour une place à la bouée. Lorsqu'une
se libère, c'est la course pour l'attraper. Lorsqu'il n'y en a plus, les bateaux mouillent les uns sur les autres dans 10 mètres de fond.
Mieux vaut qu'il n'y ait p as de grain là-dedans...En tout cas, on peut passer sa journée à jouer à la concierge du mouillage. Quelle foule !
Si tous les mouillages sont comme cela, nous ne sommes pas bien sûrs de traîner aux Iles Vierges. Ou alors, il nous faut un temps d'adaptation.
Après nos formalités - encore des tonnes de formulaires à remplir ! comment se fait-il que nous ne connaissions pas encore les numéros de nos
passeports par coeur ? -, et avoir renoncé à comprendre ce qu'il nous fallait comme permis éventuel pour les mouillages situés dans le parc
national - on verra à Tortola si quelqu'un est capable de nous fournir une explication claire : 6$ par jour et par personne ou 70$ par semaine
ou 150$ pour un an ? - nous allons faire la connaissance du Foxy's Bar à la réputation bien établie ici : cocktails hauts en couleurs, déco style
"c'est le client qui laisse sa trace" et boutique de produits dérivés. Business is business. Cela semble être la devise ici...Raphaël et Lucas
passeront cependant un bon moment, en dansant avec Félix sur de la musique des îles.
By the way : - Table wish - "Take a shell and make a wish - It's free - Keep smiling and keep loving, even your ex ..." Pour garder le moral en
ces temps difficiles, le séisme sévère au Japon ayant marqué les esprits jusqu'ici.
Little Jost Van Dyke : observation de la chaîne alimentaire (14/03 - 16/03/2011)
Nous allons passer deux jours à Little Jost Van Dyke, petite soeur de la précédente, séparée de son aînée par un simple passage à
gué sur lequel se brisent les vagues de l'Atlantique. Dans ce passage très large, tapissé d'herbiers, nous observons les pélicans,
les bobbies (fous), les carangues et les requins nourrices qui, tous, se régalent de ce que peut leur apporter la mer. On voit
onduler les silhouettes des requins dans à peine 30 centimètres d'eau. Les promeneurs qui s'aventurent à pied dans le passage s'enfuient
en courant dès qu'ils les aperçoivent.
Nous fêtons mes 5èmes 35 ans avec un peu de retard au Foxy's Taboo où nous prenons un déjeuner bien copieux qui nous poussera à faire
la sieste ! Il subsiste quand même un hic ici ! Ce sont les bouées d'amarrage. Elles remplissent tous les endroits mouillables.
Donc, soit on paie, soit on jette l'ancre plus loin dans de moins bonnes conditions. Et ce n'est pas fait pour protéger les fonds,
mais seulement à but lucratif ! Pour pouvoir mettre le plus de bateaux possibles dans un espace restreint.
Et ces bateaux qui se coursent pour arriver les premiers aux bouées ! Ils se coupent la route et
s'apostrophent...En ce qui nous concerne, nous choisissons ici la solution ancre par 13 mètres. Nous sommes plus tranquilles mais le lendemain, un bateau
de location viendra mouiller dessus. Nous devrons lui demander de se déplacer afin que nous puissions relever pour partir !
Tortola : la grande BVI (16/03 - 18/03/2011)
Nous rejoignons la côte Nord Ouest de Tortola pour visiter Cane Garden Bay. Belle plage bordée de cocotiers et de bars et restaurants,
bien évidemment. Toujours plein de monde aussi... C'est ici très poissonneux car le coucher du soleil s'accompagne d'une belle partie
de pêche des pélicans. Ils nous paraissent fous dangereux à piquer tout au bord de la plage, au beau milieu des baigneurs. Le pélican
meurt quand il devient aveugle. Ce qui est inévitable compte tenu des incessants plongeons qu'il pratique. Et quand il est aveugle,
il ne peut plus pêcher, la boucle est bouclée.
Après l'intermède 30 millions d'amis, nous partons pour Sopers'Hole, à l'extrême Ouest de Tortola (West End). C'est effectivement un trou.
Un trou très profond, entouré de hautes collines sur lesquelles sont perchées des maisons colorées (dans les teintes plutôt pastel) au
style néo-créole. Genre un peu Barbie pour certaines. Il y a aussi une petite marina où nous pouvons faire le plein de frais, de cash (il en
faut pour payer les bouées !), d'eau (après plus d'un mois, il ne nous reste qu'un tiers du réservoir et nous n'aimons pas descendre en dessous
de ce niveau), et de gasoil. Ces deux derniers pleins nous auront valu une heure et demie d'attente avant que nous ne puissions nous amarrer
au ponton à carburant. Toujours style supermarché quoi !
Norman Island : l'Ile au Trésor (18/03 - 20/03/2011)
Robert Louis Stevenson se serait inspiré de Norman Island pour situer l'action de son célèbre récit. A cause des grottes. Elles ne
sont pas très grandes, ces grottes, juste assez pour s'y aventurer avec palmes, masque et tuba au cours de l'après-midi, afin que
le soleil les éclaire bien. Belle promenade : l'eau est parfaitement claire et regorge de poissons. Les chirurgiens sont de loin
les plus nombreux, vraiment très nombreux. Une tortue imbriquée de belle taille se régale de corail sans être la moins du monde gênée
par les nombreux "canards" qui pataugent au-dessus d'elle. Les poissons sont tout proches : il suffit de tendre la main pour presque
les toucher. Les grottes ne sont pas profondes mais les rochers sont d'un beau violet. C'est assez féérique dans la lumière du soleil
qui descend sur l'horizon.
Ce spectacle nous réconcilie quelque peu avec ces îles. Nous sommes cependant mouillés à The Bight, encore un énorme champ de bouées.
Le soir, c'est ambiance camping avec des musiques différentes fonction de la direction du vent. Certains voiliers font même boîte de nuit !
Guirlandes lumineuses, spots, musique techno et DJ...même les fusées de détresse sont consumées.
Le lendemain, nous allons nous "isoler" (seulement 4 bateaux dans la même crique !) dans une petite baie au Nord de Norman Island. Paysage
idyllique et situation idéale : cul du bateau à 20 mètres de la plage, Raphaël s'y rend même tout seul à la nage. Nous jetterons la
2ème ancre pour éviter de finir complètement sur la plage au cours de la nuit, le vent s'amusant à tourner dans des sens inattendus.
Peter Island : la nuit de tous les dangers (20/03 - 23/03/2011)
Nous continuons notre exploration des mouillages "sauvages" (i.e. sans bouée) des BVI en nous rendant à Peter Island. Il y a une belle
baie avec une magnifique plage de sable quasiment déserte. Nous jetons l'ancre à distance raisonnable d'un bateau américain après
avoir vérifié l'emplacement de son ancre, car compte tenu de la configuration de la baie, l'évitage s'annonce fantaisiste. Antoine plonge
pour vérifier que notre ancre est bien crochée et que le fond est clair sur l'ensemble du rayon d'évitage. Satisfaits, nous commençons à prendre
nos marques dans notre nouveau lieu de résidence.
La première
matinée se passe sans encombres. Il y a bien un bateau de location qui vient mouiller à côté, lui aussi à distance raisonnable. Bon, il commence
à déraper dans les bouées de limite de baignade mais il relève gentiment et repose son ancre un peu plus loin. Un autre vient mouiller un
peu trop près entre nous et le bateau américain mais il ne restera que quelques heures. Nous passons une nuit calme, très
reposante. C'est le lendemain que tout commence à se gâter et que nous commençons à comprendre pourquoi certains gestionnaires de bouées
appellent le mouillage sur bouée le "safe anchorage".
Le lendemain matin, nous partons nous promener au sommet de l'île. La vue sur les îles avoisinantes et sur la baie est époustouflante.
Les couleurs de l'eau, vues de haut sont magnifiques. Au retour, nous voyons arriver à toute vitesse un yacht à moteur. Ceux-ci ont plutôt l'habitude de
jeter l'ancre à l'extérieur des baies, derrière les champs de bouées ou à bonne distance des voiliers. Pourtant, celui-ci se rue vers la plage et mouille
tout près des bouées de limite de baignade. A notre droite quand nous sommes tournés vers la baie. Nous nous disons qu'il s'est mis bien près et
qu'il est bien gros. Pas d'inquiétude pour le moment, nous verrons s'il compte passer la nuit là. Quelques minutes après, c'est un lagoon charter
qui décide de se poser entre nous et le yacht. Nous lui disons clairement que là, il est trop près, et que lorsque nous allons tourner de 90 degrés
(ce qui se produit environ toutes les 15 minutes ici), nous serons sur lui...Il nous répond que nous ne devons pas nous inquiéter, il ne reste pas...
Evidemment, dans la demie-heure, Antoine, furieux, doit remettre les moteurs afin que nous ne terminions pas sur ses pointes avant. Une fois qu'il a
récupéré tous ses petits canards, il daigne enfin relever et dégager. Le yacht, lui, ne semble pas vouloir bouger et dans certaines positions,
nous avons quasiment une belle vue sur ses aménagements intérieurs. Dans l'après-midi, avant de partir à la plage, j'interpelle un membre d'équipage
pour lui demander s'il compte passer la nuit ici et que si c'est le cas, je devrai peut-être poser des défenses sur les coques. J'obtiens la réponse
suivante : pas d'inquiétude, nous levons l'ancre avant la nuit.
Nous avons eu tort de lui faire confiance. Entretemps, nous voyons arriver de plus en plus de voiliers dans la baie. Et certains mouillent vraiment
n'importe comment et n'importe où. La nuit va être rude, de plus, c'est une des plus agitées point de vue météo depuis que nous sommes dans les BVI : le vent
est annoncé à 20 noeuds établi. Nous sommes un peu protégé par la baie mais les rafales sont violentes, ce qui fait que l'on tourne beaucoup.
En effet, nous ne nous endormirons, épuisés qu'à 5h30 du matin ! Les événements se sont enchaînés :
- à 20h30, le bateau de loc mouillé à côté de nous se retrouve après un virage à 90 degré à moins de 10m de nos jupes. Lorsqu'il revient de son apéro,
nous lui conseillons de rallonger de 5 à 10 mètres. Mais comme il ne se juge pas en sécurité, il relève et part à l'aveuglette remouiller ailleurs...
Nous constaterons le lendemain matin qu'il aura parcouru 200 mètres en marche arrière !
- nous maintenons une surveillance accrue du yacht, dont nous admirons à présent l'arrière dans tous les détails. S'il dérape, je ne donne pas cher de notre
cata. De plus, il n'évite pas du tout de la même façon et nous sommes régulièrement à 90 degrés. Je peste vraiment contre cet équipage menteur et
imprudent, qui ose mouiller au milieu des voiliers ! Quand il est trop près, Antoine jette des cailloux sur son pont !
- à 2h30, un catamaran se met à déraper sérieusement : lui aussi nous arrive dessus. Heureusement, l'équipage se réveille, relève et part mouiller ailleurs.
Une chance qu'il n'ait pas embarqué notre chaîne dans la manoeuvre...
- à 4h30, le cul du yacht est à moins de 4 mètres de nos pointes avant. Il a dérapé. Il ne répond pas à la radio. Antoine réveille l'équipage avec la corne
de brume. Le matelot de garde nous dit qu'on exagère, il y a 15 mètres entre nous deux (oui, entre son radar et notre mât !). Et il nous dit calmement que
oui, il a dérapé ! A 5 heures, il se décide cependant à lever l'ancre...nous nous croyons sauvés car nous pensons qu'il va vraiment aller se poser bien
plus loin. Mais non, il s'éloigne seulement de quelques mètres. Suffisamment cependant pour nous permettre de nous reposer enfin !
Je crois que nous n'avons jamais aussi mal dormi. Nous avions prévu de partir à Road Town pour courir toute la journée mais nous décidons, malgré
l'environnement qui s'est quand même un peu éclairci, de rester encore une journée à White Bay. Notre ancre tient parfaitement, nous sommes bien
mouillés et les enfants adorent cet endroit où l'on a l'immense plage pour nous tout seuls. Bien nous en a pris car les jours se suivent mais
ne se ressemblent pas. Aujourd'hui au mouillage, uniquement des bateaux de voyage, des "professionnels" qui font un tour pour sonder les fonds,
estimer les rayons d'évitage et repérer les ancres des autres bateaux...et qui s'en vont si la situation ne leur semble pas sûre. Je ferai cours
aux garçons sur la plage, pour qu'Antoine reste un peu au calme après cette nuit où il a assuré une grande partie de la surveillance. Ils ont adoré
et j'ai presque créé un fâcheux précédent.
Sauts de puce (24/03 - 27/03/2011)
Nous enchaînons les petites navigations entre les îles. Entre 2 et 10 milles par jour selon l'endroit où nous souhaitons nous rendre.
Il y a du bon vent (toujours plus de 15 noeuds), le plan d'eau est assez calme, seulement agité par le clapot et les moutons créés par le
vent, ce qui permet aux filles de s'initier aux joies des manoeuvres : elles barrent, aident aux virements, aux manoeuvres d'envoi,
d'enroulage et d'affalage. Raphaël surveille les autres bateaux, qui sont assez nombreux. Plein de bateaux, cela crée de l'émulation.
Chaque jour apporte son nouveau record de vitesse, même au près serré.
Contraints, nous nous sommes arrêtés à
Road Town : envoi du CNED oblige...Nous en avons profité pour faire la lessive. Mais la ville est
sans âme et le mouillage assez pourri : nous n'avons pas trouvé de place à l'entrée de Village Cay, nous avons donc dû nous rabattre sur
les bouées de Fort Burt.
Nous faisons ensuite une escale sympathique à
Cooper's Island. Les cottages du beach club s'intègrent bien dans le paysage. Un très grand
barracuda élit domicile sous le bateau. Comme nous avons du gras de viande, nous essayons de l'appâter (jeu purement cruel puisque
l'on ne mange pas les barracudas ici): un autre poisson en fera les frais.
Il a été plus rapide que le barracuda mais celui-ci l'a coupé en deux...Un peu gore ce demi-poisson vivant qui se balade au bout de la ligne.
Il sera difficile de convaincre les enfants de se rendre à la plage à la nage.
Après Cooper's Island, nous remontons vers le Nord-Est de Tortola pour mouiller à
Trellis Bay. Les bouées sont extrêmement serrées mais
l'étape vaut le coup d'oeil pour les boutiques d'artisanat sur la plage. Et aussi pour l'aéroport car nous adorons mouiller près des aéroports !
Le lieu est aussi connu pour les "Full Moon parties" où l'on enflamme des branchages dans de grandes boules de fer sculptées. Ce n'est pas du
tout la pleine lune, elle est passée depuis une semaine mais les sculptures monumentales qui ont les pieds dans l'eau sont assez réussies. Les
petites boutiques proposent de jolis articles : c'est pour une fois un vrai plaisir de déambuler parmi les calebasses sculptées, les céramiques,
les tissus et les oeuvres de métal. La plage est un premier aperçu de ce que nous pourrons voir aux Baths, avec quelques rochers de granit ronds.
Mais elle est aussi infestée de ces petits moustiques noirs extrêmement voraces. Nous nous en enfuirons donc rapidement.
Le lendemain, nous nous contentons de traverser le chenal entre Beef island et Camanoe pour mouiller à Marina Cay, un ilôt entouré d'une grande caye.
Nous avons la chance de trouver une place pour poser notre ancre ! Tout près de la caye et devant les bouées. L'ambiance de cet endroit est très
sympathique. Nous nous amuserons beaucoup à l'happy hour musicale du dimanche au coucher du soleil : painkillers, virgin colada et reggae. L'animation
se fait également plus vive car ce dimanche ouvre la semaine de la Spring Regatta (40ème édition). Nous devrions assister à de belles courses
la semaine prochaine.
Virgin Gorda et enfin les Baths (27/03 - 29/03/2011)
Nous quittons Marina Cay pour Virgin Gorda, l'autre grande île des BVI. Nous allons enfin voir The Baths ! The Baths, c'est l'image
carte postale : rochers ronds de granit dans piscines d'eau claire, sables et cocotiers. C'est le site le plus célèbre des BVI.
Je passe sur le
mouillage de
Spanish Town, rouleur, qui ne présente que le seul intérêt de pouvoir faire un avitaillement correct au supermarché
de la marina et de poster, encore, le CNED : nous étions en retard pour la séquence précédente, oups !
A l'aube, nous levons donc l'ancre pour être les premiers aux bouées de la réserve des
Baths (on commence à être stupides, nous aussi !). Blague à
part, c'est une réserve où seul le mouillage sur bouée est autorisé mais pour une durée maximum de 90 minutes. Peu de bateau
respecte la règle de la durée. On n'a normalement pas le droit d'y passer la nuit. De toute façon, ça roule pas mal. A 6h30, nous sommes
amarrés et nous savourons notre petit déjeuner devant ce site superbe avec le lever du soleil.
Puis tout le monde se prépare pour rejoindre la petite plage à la nage et entamer la promenade dans les grottes et les rochers, jusqu'à
la baie du diable. Venir très tôt présente aussi l'énorme avantage de parcourir au calme le sentier dont certains passages sont
vraiment très étroits ou très bas. Réflexion des enfants : "comment font les américains pour se promener là-dedans ?" - Sans commentaire.
A part le fait que la balade n'est pas très longue, elle tient cependant ses promesses. C'est vraiment très joli, l'eau a lissé les rochers de granit et
creusé des cavernes improbables, les masses de rochers forment des constructions dont l'équilibre pose question. Et les couleurs forment
un très bel ensemble. Nous espérons que les photos parleront d'elles-mêmes.
Notre navigation nous emmène ensuite vers Gorda Sound, où nous devrions retrouver de nombreux participants à la Spring Regatta.
Gorda Sound : régates et mouillage "kalikaïen" (29/03 - 01/04/2011)
Au Nord de Virgin Gorda se trouve une très belle baie protégée par plusieurs petites îles et barrières de corail : Gorda Sound.
Nous choisissons comme premier stop de mouiller derrière la passe d'entrée, au vent, un endroit comme les aiment nos amis de Kalika.
Excellent choix car tous les bateaux s'agglutinent dans les différentes criques où il y a des bars et nous sommes quasiment seuls
pour profiter des poissons, des tortues et de la baignade.
Nous avons aussi un point de vue exceptionnel sur la passe d'entrée et nous voyons défiler, à l'occasion de la Spring Regatta, outre
les voiliers participant aux courses, multiples vieux gréements et yachts à voile arborant fièrement leurs trois ou quatre mâts.
Après deux jours, nous attendons le départ de la régate pour nous faufiler derrière le parcours et nous enfoncer un peu plus dans
Gorda Sound. Régal pour les yeux, tous ces envois de spis colorés, comme un feu d'artifice sur l'eau turquoise ! Nous nous posons
ensuite au Sud de Prickly Pear island, devant une petite plage dont les enfants profiteront bien toute l'après-midi.
Eustatia Sound : le plus beau mouillage des BVI (01/04 - 03/04/2011)
Le temps est revenu au beau, le vent bien établi à l'Est, Sud-Est, pas trop fort. Nous passons entre Saba Rock et Virgin Gorda, contournons
la grande caye qui prolonge Saba Rock et allons jeter notre ancre derrière Eustatia Island. Nous avons une très belle vue sur Necker Island,
l'île de Virgin (le groupe) et son petit morpion avec ses trois palmiers (dont nous apprendrons plus tard qu'ils sont factices !). L'autre
côté de Prickly Pear Island nous offre deux belles plages de sable très fin et l'eau d'Eustatia Sound présente une gamme de bleus et de verts
inimaginable.
Nous faisons également la connaissance de Stray Cat, le catamaran de Laurence et Erwan, qui voyagent avec leurs deux petits garçons, Eliott
et Owen. Ils ont établi un campement de pirates sur une petite plage et nous invite à partager leur pique-nique après que Raphaël s'est rué sur
eux en hurlant "des Français !!!!" pour faire connaissance. Nous passons deux jours très agréables en leur compagnie : ils sont gentils, dynamiques
entreprenants (ils ont une entreprise de création de vêtements,
Coton des Iles, vêtements qu'ils dessinent, font fabriquer en voile de coton
en Thaïlande et vendent sur les marchés et festivals). Ce sont de grands voyageurs, par tout moyen, bateau, moto, camion, pied...Leurs récits
sont de vrais romans. Les enfants s'éclatent pendant deux jours. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas aussi bien joué sur la plage,
dans l'eau. Ils sont gorgés de soleil et de mer et sont épuisés.
Après ces journées bien remplies, nous devons lever le camp pour initier notre départ vers la Guadeloupe. Nous avons prévu de faire étape à
Saint-Kitts, à 120 milles au Sud-Est des Vierges et d'y retrouver Wahoo qui remonte. La matinée est donc consacrée aux préparatifs et vérifications
d'usage avant d'aborder une grande nav'. Nous quittons les îles Vierges à 13h00 le 3 avril.
Les Vierges : impression mitigée
Notre opinion sur les îles Vierges est partagée : nous avons beaucoup aimé Saint-John et nous sommes un peu déçus par les BVI. Certes,
c'est très beau, certains endroits sont formidables pour leur côté décalé ou leur relief tels que The Baths, The Caves, le Nord de
Norman Island, White Bay à Peter Island ou Eustatia Sound. D'autres sont sans intérêt véritable : Tortola ne vaut pas le détour sauf
peut-être pour l'ambiance de Trellis Bay ou boire un verre à Marina Cay. Mais que de monde ! L'endroit est à retenir pour des vacances
mais ce n'est pas la panacée pour les bateaux de voyage : trop de bouées (ça, on l'aura dit suffisamment), vie assez chère, trop de
charters...Petit clin d'oeil : notre séjour a été bien rythmée par les news du matin sur VI Radio. Bulletins météo
avec le présentateur qui espère qu'il fera beau aujourd'hui mais peut-être qu'il va quand même pleuvoir,
BBC News (Lybie, Japon, Syrie, Lybie, Japon, Syrie, Yemen, Côte
d'Ivoire, Lybie, Japon, Syrie, élections cantonales en France et Marine Le Pen..., Côte d'Ivoire), pubs en
boucle notamment celle pour les huisseries Skavko, toute en rimes, pour une bonne pratique de l'anglais par les enfants.