Netherlands Antilles ou ABC (Bonaire, Curaçao et Aruba)
Bon bini na Bonairu (7/11 - 15/11/2010)
Mais que peut-on bien faire à Bonaire pendant une semaine ?
* Etre presque malade au mouillage *
Bonaire n'a qu'un seul mouillage où l'on peut passer la nuit : devant Kralendjik et il est sur bouées exclusivement. L'île est
un caillou plat (à l'exception de quelques collines au Nord) et dont les tombants se situent à peine à 50 m du bord. Très soucieux
de la préservation de ses fonds marins (Bonaire is "Divers ' paradise"), il est interdit de s'ancrer. On comprend aussi que
le risque de dérapage n'est pas négligeable compte tenu de la faible largeur sur laquelle il serait possible de mouiller.
Le mouillage est également complètement ouvert, il n'est donc tenable que par vent d'Est. Le lendemain de notre arrivée, ce
qui était prévu, le vent tourne vers le Sud, ce qui commence à créer du clapot, qui reste cependant supportable pendant la journée.
Nous nous renseignons auprès du Marine Park afin de savoir si une quelconque alerte est prévue mais ils nous indiquent que la houle
ne devrait pas être plus forte...La nuit sera proprement insupportable, le vent ne cessant d'osciller dans le cadran Ouest, forcissant
sous les grains jusqu'à 30 noeuds. Nous serons secoués toute la nuit, plus qu'en navigation, le cul du bateau tourné vers la berge
en béton, ce qui n'est guère rassurant. Le lendemain matin, de même que de nombreux bateaux, vaincus par la fatigue
et les enfants ne pouvant pas travailler, nous rentrons
dans la marina pour 2 nuits, le temps que le mauvais vent passe. Le catamaran voisin nous dira que c'est la pire nuit au mouillage
qu'il ait passée en 8 ans !! Les remorqueurs locaux, le pilote et la lancha vénézuelienne qui approvisionne le petit marché en fruits
et légumes auront eux tourné toute la nuit dans la baie, ne pouvant rester amarrés compte tenu des vagues.
* Voir nos premiers paquebots de croisière à quai *
Le matin où nous sommes rentrés à la marina, à l'aube (nous étions bien réveillés et pour cause), nous avons vu arriver un de ces
immeubles des mers qui transportent des milliers de personnes d'île en île pour une escale de quelques heures. La saison est ouverte !
Bonaire est donc une étape des paquebots qui transportent les anglais et les nord-européens. Ils arrivent de la Barbade ou de Curaçao.
Les étals de produits locaux (le sel) et d'artisanat (peinture sur bois flotté) sont dressés sur la petite place en face du quai de
débarquement. Les passagers débarquent pour un petit tour en ville, un peu de shopping en détaxe, quelques plongées et quelques
promenades sur Klein Bonaire en vieux gréement, en catamaran ou en water taxi. Un énorme bateau arrive tous les 2 jours ; quelquefois,
un navire de taille plus raisonnable ou un peu plus vieux s'amarre au quai. Raphaël fait le compte précis de ces bateaux.
* Rencontrer des équipages suisses *
Au cours de cette semaine, nous rencontrons deux équipages suisses : celui de Shaka-Zoulou et celui de New Life.
Chaka-Zulu est le catamaran d'une famille suisse qui vit au Bostwana et qui navigue depuis 8 ans. Cette année, c'est la fin du voyage :
ils sont partis vers Curaçao puis Cuba. Ils doivent être à Miami fin décembre pour revendre leur super catamaran de 47 pieds. Valentine
passe un peu de temps avec Jade qui a son âge ; nous discutons de Cuba, où ils ont déjà navigué il y a quelques années. Malheureusement,
ils n'ont pas déjà fait le parcours que nous projetons de réaliser, nous devrons donc découvrir par nous-mêmes.
Nous rencontrons aussi
New Life : Patricia, Thierry et Marvin voyagent depuis 8 ans eux aussi. Ils ont construit leur bateau à partir
d'une coque acier qu'ils avaient récupérée. Ils viennent de passer une année et demie à Curaçao pour renflouer la caisse de bord avant de
continuer leur voyage. Après deux semaines de navigation au Venezuela, ils reviendront vers Curaçao pour remonter également sur Cuba début
décembre. Ils nous donnent plein de tuyaux sur Curaçao et Aruba ainsi que le contact avec un autre cata Ojala, qui attend à Aruba avant
d'attaquer la traversée vers l'Ile à Vaches.
* Nous faire plaisir *
Retrouver une île touristique nous a permis de nous offrir quelques petits plaisirs.
Un bon restaurant, le Cactus Blue : après plus d'un mois de poisson, nous avons apprécié de nous livrer au sport favori des carnivores : déguster
de la viande rouge bien tendre. Manger des glaces, boire un pot...
Les enfants se sont aussi choisi quelques souvenirs : c'est la première fois en 4 mois qu'ils ont droit à un petit cadeau chacun (si
l'on exclut les anniversaires). Ils ont aussi pris beaucoup de plaisir à l'avitaillement. A Puerto La Cruz, seul Raphaël nous
avait accompagné au supermarché. Nous avons ici profité de notre location de voiture pour regarnir en partie nos cales. C'était donc l'émerveillement assuré devant les rayons bien garnis du supermarché.
Au paradis des plongeurs, nous avons aussi racheté 2 masques et tubas : depuis notre départ, nous en avions en effet perdu déjà 2, celui de
Valentine oublié à la piscine (!) de Bahia Redonda et le nouveau d'Antoine que j'avais laissé sur la jupe aux Palanquinos et
qui a dû tomber à l'eau...en tout cas, je ne l'ai jamais retrouvé. Nous sommes maintenant rééquipés. Valentine a également eu droit à un
shorty pour accompagner son Papa lors des parties de chasse (qui peuvent durer longtemps).
* Visiter l'île *
Nous avons aussi visité l'île en pick-up. Les enfants ont préféré le Donkeys' Sanctuary, où ils ont pu à loisir caresser des ânes.
Les paysages de Bonaire sont caractérisés au Sud par les montagnes de sel marin obtenu par décantation dans divers bassins, ces bassins
prenant des teintes allant du vert au violet améthyste selon leur concentration en sel. Au bord de ces bassins, on trouve de petites
baraques en dur, où un adulte ne tient pas debout : ce sont les anciennes maisons d'esclaves. La pointe Sud est formée d'une "dune" de
coraux morts, sur laquelle viennent s'échouer les bois flottés et autres déchets avec lesquels des artistes improvisés composent sur place
de grandes sculptures.
A l'Est, un petit lagon est le paradis des windsurfers (lorsque le vent vient d'Est !) : nous y avons pris notre pique-nique. L'Est est formé
de paysages arides, riches en grandes cactées. Quelques grottes avec des inscriptions indiennes sont visibles à quelques centaines de mètres
de la côte. Il y a quelques
lacs au milieu des collines du Nord, dont la "Grande Mer", paradis des flamands roses.
Et puis un petit tour avec le cata à Klein Bonaire pour faire un peu de snorkeling.
* Mais aussi faire des trucs moins rigolos *
...comme 4 fois les formalités : entrée, 1ère sortie pour un départ prévu tôt le dimanche matin, finalement ajourné pour cause
de météo vraiment pourrie (lorsque nous nous sommes levés pour partir nous étions sous un énorme orage qui aura duré 2 heures...),
retourner donc aux douanes pour leur dire que finalement nous partirons plus tard et donc nous sommes repassés lundi soir leur dire
Ayo. Les autorités douanières sont dans les Antilles néerlandaises très sympathiques mais assez formelles. Nous respectons donc les
quelques contraintes qu'ils nous imposent.
...comme le CNED : poster la 3ème série d'évaluations et puisque nous étions bien avancés, terminer la 4ème série que nous posterons à
Curaçao, lorsque nous aurons réussi à y aller !
...comme du ménage : il y avait bien longtemps ! Stop à la marina = eau disponible = récurer les fonds qui en avaient bien besoin. Je n'ai
pas eu le courage de refaire les vaigrages, je garde cela pour Curaçao ou Aruba.
Escale à Curaçao : que d'eau, que d'eau ! (16/11 - 22/11/2010)
Nous avons dû laisser passer encore une journée à Bonaire avant de pouvoir partir vers Curaçao. Un mal pour un bien car nous avons choisi
LA journée de la semaine idéale pour naviguer : vent et beau temps ! Au début, avec un vent arrière mais suffisamment soutenu,
nous avons pu mettre les voiles en ciseaux. Antoine a barré quelque temps car à cette allure, le pilote ne permettait pas
au bateau d'être stable.
Près de Curaçao, nous avons retrouvé une allure plus classique, avec un grand largue bien établi. Nous avons été accueillis par de
nombreux dauphins : encore une fois, ce fut un festival de surf sur les vagues, de sauts, de courses entre les étraves du bateau.
Nous avons fait de
nombreuses petites videos. Vous en trouverez une sur la page d'accueil (je vous préviens : elle donne le mal de mer !)
Nous en avons aussi téléchargé une des Aves, plus calme. A l'abri des grosses vagues derrière Curaçao,
notre
bateau s'est lui aussi mis à surfer : nous avons battu notre record de vitesse fond avec près de 11 noeuds.
Nous sommes donc entrés dans le chenal de Spanish Waters en début d'après-midi, tout contents de ce bon moment de voile. Spanish Waters
est un grand lagon bordé de petites collines où se dressent de belles résidences. Il est aussi situé derrière une grande baie où se
trouve stockée une plateforme pétrolière en cours de maintenance (vue charmante depuis le mouillage !). Le lagon comprend plusieurs baies et donc plusieurs
zones de mouillage réglementées. Côté surpopulation, cela ressemble à Prickly Bay à Grenade mais en bien plus grand. Côté couleur de l'eau,
c'est pire : en raison des pluies des dernières semaines, l'eau est terreuse. Il n'est pas question de s'y baigner, encore moins de
faire tourner le déssal. Nous trouvons une petite place où jeter notre ancre, au milieu des bateaux essentiellement allemands et hollandais.
La vie au mouillage est bien organisée pour les plaisanciers : "Net" le matin sur le canal 72 avec météo et infos locales (comme à Grenade,
quoique moins d'actualités sociales), navettes pour le supermarché, happy hours au bar des pêcheurs. Les clubs de voile sont aussi nombreux : les
petites voiles colorées des optimists régatent entre les bateaux.
Mais, le mouillage est quand même un peu loin de tout ! A 30 minutes de Willemstad en bus (qui ne passe que toutes les heures avec grande pause
déjeuner)
, c'est une expédition pour se rendre en ville.
Dès le lendemain de notre arrivée, nous partons avec poussette et sac à dos faire notre parcours du combattant des formalités : 3
lieux à visiter (douane, immigration et autorités portuaires) de chaque côté de la ville séparé par un bras de mer surmonté d'un pont flottant qui s'ouvre
pour faire passer
chacun des bateaux qui en fait la demande (du plus petit au plus grand...).
C'est l'occasion de visiter la ville, en fait très européenne avec ses constructions qui rappellent la Hollande et quantité de boutiques
pour les touristes qui débarquent chaque jour des gros paquebots. Le phénomène le plus local et coloré est le marché flottant vénézuelien :
des lanchas alignées proposent leurs marchandises (fruits, légumes, poisson frais). Beau marché et vendeurs sympathiques.
Nous ne serons pas gâtés par la meteo au cours de ce petit séjour : il pleut des litres et des litres pendant 3 jours. Vu que nous ne pouvons
pas faire marcher le déssal, c'est pratique de récupérer beaucoup d'eau pour la toilette, la vaisselle et la lessive, mais il faut occuper les
enfants et supporter la promiscuité du bateau pendant ces longues journées humides, et ce malgré les heures de skype avec la famille ! Curaçao ne nous
laissera donc pas un souvenir impérissable.
Nous avons également appris que Kalika, le bateau qui a partagé de nombreuses journées avec nous au Venezuela, doit abandonner son projet de
traverser le canal de Panama et de naviguer dans le Pacifique. Ils doivent rentrer en métropole de façon imprévue et mettre leur bateau en vente.
Cette nouvelle nous secoue un peu, la vie en bateau leur allait comme un gant. Nous ne les retrouverons donc pas une dernière fois à Curaçao.
Nous espérons que leur retour ne sera pas trop difficile. Nous avons un peu l'impression d'avoir perdu nos compagnons de voyage.
Aruba : Happy Mall Island (23/11 - 01/12/2010)
Un peu de retard dans le récit de notre vie à bord ici réparé. Nous avons navigué de nuit pour nous rendre à Aruba ; 80 milles avec
la nécessité de ne pas arriver trop tard en journée afin d'effectuer comme c'est la règle ici les formalités d'entrée dès notre arrivée,
et ce dans un point unique possible, à Barcadera. La traversée s'est bien passée malgré une mer assez formée et le ballet des navires
de croisière, des tankers et des cargos. Nous sommes bien reconnaissants (puisque nous n'avons pas de radar) au système AIS de notre
VHF qui, renvoyé sur Open CPN, nous permet de visualiser les trajectoires et vitesses des navires.
Antoine et moi avons
juste un peu de mal avec le sommeil durant les quarts : aucun de nous deux n'arrive à dormir pendant la première partie de la nuit.
Ce n'est que vers 2 heures du matin que nous arrivons à veiller à tour de rôle, ce qui n'est pas génial pour la forme.
La navigation le long de la côte Sud Ouest d'Aruba se fait sous les lumières de ce qui ressemble la nuit à un
énorme château de princesse Disney avec
tourelles : une immense raffinerie !
Nous arrivons à Barcadera vers 8 heures, nous mettons à quai contre les gros pneus noirs (bonjour la coque !) et nous répondons
aux questions des douaniers : pas de fouille alors qu'ils ont l'air assez pointilleux avec les lanchas vénézueliennes (les poissons
pêchés seront éventrés et examinés un à un - à la recherche de drogue ?) ; le fait d'avoir 4 enfants à bord a l'air de représenter un
gage de bonne
foi.
Ensuite, direction le mouillage principal de l'île, devant le chenal d'Oranjestad, la capitale. Le mouillage est sous la trajectoire
d'atterrissage de l'aéroport (!), spectacle qui ravit Raphaël et Lucas. Le trafic s'arrêtant vers 23h, cela reste supportable.
L'eau est claire et il y a 2 petites plages faciles d'accès avec un ponton flottant, ce qui permet aux enfants de sauter dans l'eau.
Nous retrouvons Ojala, comme nous l'avait indiqué New Life, et faisons donc la connaissance de Béatrice, Francis, Joshua et Tao, en
voyage depuis deux ans sur leur Sun'Fizz. Nous échangeons sur les équipages rencontrés et Ojala connaît beaucoup de bateaux que nous
avons croisés à Puerto
La Cruz. Le monde nous apparaît alors tout petit ! Nous faisons également la connaissance de Narval, avec à son bord un couple et
deux petits enfants.
Ils sont allemands mais parlent un français parfait avec un grand sourire. Tao et Joshua abreuvent les filles en nouvelles
lectures. Nous passons deux nuits au mouillage et entrons dans la petite marina Renaissance (comme l'hôtel à la Défense, même chaîne)
pour une semaine : nous avions prévu ce stop pour faire les vidanges des moteurs, remettre du joint sur le sol du carré, faire le
ménage à fond (les vaigrages, encore eux), la grande lessive (3 heures au Washland !) et plein d'autres menus travaux d'entretien.
Nous aurons fait l'essentiel, en tout cas, ce qui nécessite d'être à quai. Etre à la marina nous donne en plus accès aux installations
de l'hôtel, pour l'essentiel 3 piscines et île privée accessible en water taxi (émerveillement de Raphaël),
petit luxe appréciable entre les travaux, même si la meteo très très pluvieuse ne nous a pas permis d'en profiter pleinement.
Aruba est l'île de vacances par excellence, mais elle y perd quelque peu son charme, même si elle reste très sympa. Ici, les gens sont souriants
et détendus.
Les voitures arborent
le slogan "One Happy Island" sur leurs plaques d'immatriculation. Elles s'arrêtent toujours pour vous laisser traverser la rue.
L'île regorge de grands hôtels avec piscines et plages privées, de casinos,
de bars design,
de magasins de luxe et de magasins tout court. On trouve TOUT. (Sauf de la semoule...). La décoration précoce nous y aidant, nous en avons
profité pour faire nos cadeaux de Noël, à présent joliment emballés (avec le sourire) et planqués dans une des pointes avant jusqu'au
jour J (si nous n'oublions pas car notre esprit reste conditionné à Noël = frima). Nous nous sommes amusés à faire des photos des palmiers
ornés de guirlandes lumineuses et des enfants avec les statues de Père Noël. Pour nous, shorts et guirlandes sont un réel anachronisme.
A présent, nous sommes devant de grandes interrogations sur la suite de notre voyage. Les nouvelles que nous glanons sur Haïti et en
particulier sur l'Ile à Vaches ne sont pas réjouissantes : l'épidémie de choléra a pris de l'ampleur et un ou des cas sont signalés sur l'île.
Ojala est en contact avec le président d'une association française qui travaille avec l'île et qui a envoyé un email déconseillant vivement
de se rendre en Haïti et à l'Ile à Vaches avant fin janvier, non seulement pour des questions de santé mais aussi de sécurité. Comme Ojala,
il semble que nous rayions donc à présent cette étape de notre projet. Sans enfant, nous n'aurions sans doute pas hésité mais avec les quatre,
dont deux qui mettent tout le temps les mains partout et à la bouche, la promiscuité qui règne sur le bateau et donc le potentiel élevé de se
refiler des infections, nous ne souhaitons pas prendre de risques. Pour couronner le tout, la meteo s'en mêle (et s'emmêle). La fin de la
saison cyclonique (officiellement le 1er décembre soit aujourd'hui) est ici assez perturbée : cela fait presqu'une semaine que nous avons beaucoup de
vent, que la mer est bien formée et que le ciel est gris voire déverse sur nous des quantités impressionnantes de pluie.
Les gribs que nous consultons chaque jour repousse notre fenêtre possible de départ. Il semble donc que tous ces facteurs nous obligent à
renoncer à Cuba, d'autant plus que nous avons rendez-vous en République Dominicaine mi-janvier et que nous ne voulons pas manquer ni retarder
ce rendez-vous. Nous réfléchissons donc aux options possibles : Jamaïque puis Rép Dom, mais cela risque d'être vraiment dur de revenir directement
de Jamaïque (260 milles minimum plein Est - avec le cata, cela peut signifier le double !) ou Rép Dom directement.
Nous sommes bien à l'Ouest mais cela devrait quand même être réalisable sans trop souffrir. Ou alors revenir
sur Bonaire avant de remonter...Nous n'avons pas encore décidé.
Toujours Aruba : L'hélice qui s'était fait la malle... (02/12 - 07/12/2010)
Et oui, nous "tankons" à Aruba : mais "y a rien là-bas !"... Alors voici notre dernière aventure : en sortant de la marina, nous avons
perdu notre hélice bâbord ! Nous avons quand même réussi à faire notre manoeuvre de départ avec remontée d'ancre sans nous
en apercevoir tout de suite : ce n'est que quand Antoine trouvait que vraiment le bateau ne répondait pas comme d'habitude que nous
nous sommes aperçus que le moteur bâbord ne propulsait plus...Nous sommes allés ancrer dans le mouillage où nous étions à notre arrivée
avant d'aller investiguer ce qui se passait : rien dans les câbles de branchement donc investigation sous la coque...Plus d'hélice !
Valentine et moi nous étions rendus compte lorsque nous nettoyions les coques que l'écrou bâbord était différent de l'écrou tribord.
En fait, il ne devait plus y avoir de contre-écrou, total, cela s'est dévissé progressivement. La tuile ! Un cata a l'avantage d'avoir deux
moteurs, mais s'il y en a deux, c'est aussi pour faciliter les manoeuvres : essayez de remonter l'ancre avec 20 noeuds de vent dans 2m d'eau
avec un seul moteur pour voir si la chaîne ne finira pas par enlever tout l'anti-fouling de la coque : le cata se met toujours de travers !
Pas question de quitter Aruba sans nos deux hélices.
Une chance : le midi même, barbecue sur la plage pour la plupart des bateaux au mouillage : équipages français, allemand, belge, anglais,
hollandais se retrouvent autour du feu. Et que font des équipages en partageant un repas ? Ils échangent leurs galères. La nôtre
obtient bien sûr la palme du jour. Au cours du barbecue du midi, c'est le conseil de guerre pour retrouver cette hélice (accessoirement,
c'est une pièce qui vaut 1000 $). Une chance, il y a de nombreux plongeurs parmi les équipages présents. Ils proposent gentiment
de nous aider à la retrouver en plongeant dans la marina dès l'après-midi. Pendant que les enfants s'éclatent, Antoine, Francis, Bente et
Bob partent pour le bassin de la marina. L'hélice sera retrouvée moins d'une heure plus tard ! Mais pas les pièces qui vont avec. Nous
avons cependant l'essentiel ! Le lendemain, outre l'apéro pour fêter cela, ce sera : démontage et remontage de l'hélice tribord pour photographier et
côter l'ensemble du système et course en bus jusqu'au Budget Marine pour passer la commande des pièces qui manquent. Nous ne savons pas encore
lorsqu'elles seront disponibles (mais on nous a assuré que ce ne serait pas trop long) donc quand nous pourrons partir.
Nous nous consolons en nous disant que de toute façon, le vent n'était pas favorable à
un départ en début de semaine et puis qu'Aruba, c'est quand même sympa (notamment les équipages du mouillage).
Samedi, grande fête près de la marina pour la Saint-Nicolas, autour du complexe Renaissance.
Les festivités promettaient d'être animées mais elles ont été
quelque peu perturbées par la pluie : un déluge s'est abattu sur l'île pendant presque 12 heures. En milieu d'après-midi, c'est enfin l'éclaircie.
Les enfants ne tiennent plus en place dans le bateau. On enfile les capes de pluie et direction le dinghy dock. Nous pouvons assister
à une parade de carnaval : les costumes sont magnifiques et les rythmes, quoiqu'assourdissants, nous rendent le sourire. Les ABC préparent
le carnaval de novembre à février : tous les week-ends ou presque, il y a de petites démonstrations. Les enfants ne sont pas oubliés. En fait,
ils sont même les plus gâtés : château gonflable, trampoline, confiseries, dessins, maquillage...les animations les ravissent. Lucas a parfaitement
compris le système : on repère les lutins fardés de noirs qui portent un sac de jute sur leurs épaules, on leur fait un sourire et on
obtient des bonbons. Ces animations sont les bienvenues pour sortir un peu de l'atmosphère reclue du bateau, devenue un peu lourde du fait de
nos dernières mésaventures. La journée se termine par un très beau feu d'artifice que nous regarderons du mouillage. Nous n'en avons pas perdu
une miette.
Nos petites habitudes à Aruba (08/12 - 14/12/2010)
Nous n'avons toujours pas nos pièces. L'île a beau être sous influence hollandaise, on y est aussi inefficace que dans
d'autres parties des Antilles. Il a fallu 5 jours au Yanmar Miami pour confirmer qu'ils avaient les pièces, donc au Budget
pour passer commande. On nous a assurés que les pièces partaient ce lundi de Miami. Elles devraient donc arriver ce jeudi...
Il vaudrait mieux car une nouvelle fenêtre météo s'ouvre pour traverser vers la République Dominicaine dès jeudi soir...Nous
aimerions fêter l'anniversaire de Raphaël et Noël à Boca Chica.
Bon, ben, nous avons pris nos petites habitudes au mouillage. C'est dingue comme on se fait vite à un endroit : on y a ses
connaissances, ses commerces, son petit train-train...Antoine pourrait écrire un guide complet sur les supermarchés d'Aruba : achalandage,
prix, conditionnements...
Seul changement : Ojala est parti il y a quelques jours vers l'Ouest.
Les enfants étaient tristes de quitter leurs copains et nous un équipage sympathique. Ils sont bien arrivés à Santa Marta, en Colombie.
C'est la vie de bateau : on rencontre des équipages, on partage, on vit quelques jours ensemble, on se refile des tuyaux et on se sépare.
Beaucoup de richesses dans ces rencontres : des partages d'expériences mais surtout des gens que l'on ne rencontrerait jamais dans notre vie quotidienne
à terre ! C'est peut-être un des aspects de notre voyage qui nous manquera le plus à notre retour.
Les enfants continuent de travailler : Valentine a posté sa 5ème série du CNED, Cléo a passé la moitié des séquences...de quoi s'offrir une
trêve de 2 semaines à partir du moment où nous quitterons Aruba et une autre lors de la visite de leur grand-mère en République Dominicaine !
Raphaël déchiffre maintenant les syllabes simples et Lucas compte près de 100 mots à peu près audibles à son vocabulaire (enfin, audibles
pour sa famille !).
En bref, malgré le peu d'intérêt de l'île, nous sommes satisfaits. Nous vivons de bons moments. D'ici quelques jours, nous trépignerons d'impatience
à l'idée de partir, car il faut bien partir et c'est l'objectif de tout bateau. Repartir...
Derniers jours à Aruba (15/12 - 16/12/2010)
Nous surveillons la meteo ainsi que les messages éventuels concernant l'arrivée des pièces pour l'hélice. Nous savons aussi qu'à
compter du mercredi, une houle de Nord-Ouest est prévue, qui risque de rendre le mouillage vite inconfortable. Effectivement,
le bateau commence à rouler dès 2h00 dans la nuit du mardi au mercredi, doucement. Le roulis s'intensifie dans la matinée.
Nous décidons néanmoins d'aller à la plage : à cette heure, de petits rouleaux commencent à déferler sur le sable et le ponton, devant
le club de plongée où nous avons l'habitude de nous amarrer, vole...Nous posons donc l'annexe sur la plage. Petit intermède car les
enfants ne souhaitent pas se baigner, l'eau étant devenue jaune avec les vagues qui charrient le sable.
Rentrés au bateau, nous trouvons enfin l'e-mail que nous attendions depuis plusieurs jours : les pièces sont arrivées ! Budget nous
propose même de nous les apporter sur la plage après le déjeuner. Une fois les pièces récupérées, elles sont rapidement remontées et
après ultime vérification, nous partons nous mettre à l'abri de la houle dans le bras de mer protégé qui s'étend de Barcadera à la petite plage
devant laquelle nous étions initialement mouillés, comme l'ont fait au cours de la matinée tous les bateaux touristiques locaux
et quasiment tous les bateaux du mouillage, à l'exception des plus courageux.
Qui dit pièces remontées dit aussi que nous pouvons planifier notre départ vers le Nord pour le lendemain soir. Notre dernier jour à
Aruba sera donc consacré aux formalités, à la cuisine pour la navigation (gâteaux, pain, gratin, bases de salades...) et au rangement du bateau
afin de mettre à l'abri tout ce qui est susceptible de se déplacer. A 16h00, jeudi 16 décembre, nous levons l'ancre pour la plus longue
navigation que nous n'ayions jamais faite : 360 milles, plein Nord, en direction de Boca Chica en République Dominicaine.
Impressions sur les ABC
Nous avons au final passé plus de temps que prévu dans les ABC, pour des raisons certes mécaniques mais aussi météorologiques.
D'aucuns disent que cette saison 2010 est particulièrement atypique avec son cyclone tardif Tomas, qui s'est développé et
est longtemps resté sur un axe situé très au Sud pour la période, avec ses pluies très significatives qui se sont abattues sur
les ABC, notamment Curaçao et Aruba. Avant de partir, nous assisterons au large à la formation d'une trombe, qui a provoqué
une petite tornade au large.
Ce chapelet d'îles est attachant, même s'il ne figure pas au hit-parade des Caraïbes. Bonaire, avec ses paysages contrastés, est une
escale paisible, où l'Européen ne se sent pas complètement étranger. Curaçao est l'escale technique, avec son point de ralliement
des voiliers à Spanish Waters, étape intermédiaire pour ceux qui poussent vers l'Ouest et ceux qui envisagent la traversée de la Mer des
Caraïbes vers le Nord Ouest. Aruba, véritable enclave de l'entertainement façon US, aux infrastructures et services complètement dédiés
au tourisme, sans charme particulier autre que celui d'y trouver toutes les facilités possibles à peu près à portée de mains et pour nous
d'y avoir fait des rencontres dignes d'intérêt.