Venezuela
Un autre grand départ : Les Testigos (12/09 - 17/09/2010)
Après une navigation de 94 milles, effectuée en grande partie de nuit, à moitié au moteur et à moitié à la voile,
nous arrivons aux Testigos, petit archipel au large du Venezuela. Nous découvrons un paysage complètement nouveau :
plus aride, plus rocheux ...
Nous posons le bateau devant la Playa Real, au nord de Testigo Grande et nous y retrouvons Kakao.
Nous avons effectué cette route seul mais sommes rejoints dès le lendemain par Punch Coco 6, le bateau de Brigitte et André,
rencontrés à Prickly Bay, revus à Saint-Georges et avec lequel nous devons également descendre vers Margarita.
Cette semaine est une semaine de fête aux Testigos : la Fête de la Vierge. Beaucoup de voiliers, battant quasiment exclusivement
pavillon français sont présents pour les festivités. Cette semaine de fête nous permet de contourner légèrement
le règlement quant à la durée du séjour autorisé aux Testigos, qui se situe entre 48 et 72h en général.
Personne de la 'Guarda Costa' n'est venu nous voir.
Nous n'avons pas assisté au plus fort de la fête mais nous avons droit au cours de
la semaine à des défilés de lanchas et de pineros qui parcourent régulièrement le passage entre les deux îles principales.
Les pineros sont de longues barques colorées élancées équipées de moteurs surpuissants : ce qui en fait un peu à certaines heures les
mobylettes du quartier que les jeunes du pays s'amusent à faire vrombir pour épater les copains. Le mouillage peut rester quelque
temps agité du clapot artificiel créé par ces machines.
En dehors des bruits des moteurs, tout ici nous paraît plus sauvage : la végétation
où se mêlent cocotiers, mancelliniers, gigantesques cactus ; la faune : les poissons sont bien
plus gros et bien plus nombreux, certains hostiles se cachent dans le sable au bord de la plage (Valentine en a fait la
douloureuse expérience : une petite raie cachée dans le sable ?), des chauve-souris tentent la nuit de grignoter les fruits
du filet laissés dans le cockpit, des papillons de nuit grands comme ma main ;
et bien sûr les paysages, notamment sur la côte Est, déserte, qui descend dans la mer en formant une grande dune de sable blanc.
Les couleurs des bateaux de pêches et des habitations donnent la touche finale à ce tableau définitivement différent.
Le vendredi matin, Odyssée rejoint le mouillage, suivi dans l'après-midi par Kalika.
Le départ pour Margarita est donc programmé pour le samedi matin aux aurores, à 4 bateaux, 3 catas et 1 monocoque.
Nous consacrons notre journée à ranger le bateau, devenu un vrai capharnäum après plusieurs jours sans bouger,
préparer de la cuisine pour la navigation du lendemain, avancer les devoirs que les enfants ont le droit de ne pas faire
lorsque nous naviguons.
Notre dernière journée au mouillage est devenue plus agitée : le cyclone Igor, pourtant passé très au Nord, a apporté
une houle de fond qui se brise de l'autre côté de l'isthme où nous sommes mouillés en de jolis rouleaux qui créent cependant
de notre côté un clapot qui rendra la nuit un peu difficile.
Ces vagues sont source de discussions animées entre plaisanciers qui "n'ont jamais vu ça" et qui nous pronostiquent une houle
insupportable dans la baie de Porlarmar pour ce week-end. Chon-Chon, le gardien de la plage, indiquera aux curieux que ces vagues
arrivent de temps en temps et que peut-être, bientôt, l'isthme disparaîtra pour former une nouvelle île.
Porlarmar à Margarita : la baie aux pélicans (18/09 - 19/09/2010)
Nous voici partis en flotille pour la plus grande île du Venezuela : Margarita. La navigation démarre très bien avec un vent
Est Sud Est bien établi. Nous pouvons tous partir toutes voiles dehors. C'est l'occasion rigolote de comparer les performances
des bateaux (aux talents des capitaines près !). Ces conditions nous permettent de parcourir plus de la moitié de la route sans
le soutien du moteur.
Malheureusement, à 20 milles de l'arrivée, le vent nous lâche et nous devons terminer au moteur sous une chaleur
écrasante. Au jeu du moteur, comme nous ne voulons pas pousser les nôtres, nous arriverons dernier. De plus, nous n'avons rien pêché...
Bon, il faut bien l'admettre, Margarita, c'est moche ! Par contre, la baie est un vrai refuge pour des dizaines de pélicans.
Jusqu'à présent, nous n'en n'avions jamais vu autant.
Nous ne faisons étape à Margarita que pour nous reposer 24 heures avant de faire route
vers Puerto La Cruz. Nous ne débarquons pas, il n'y a rien à y faire à partir du moment où nous avons décidé d'aller sur la côte où nous
ferons nos formalités, notre ravitaillement et les visites sur le continent.
Il n'y a pas de plage, l'eau n'est pas engageante (donc pas de baignade), quelques pineros sillonnent la baie à toute vitesse,
d'autres le font plus calmement.
Porlarmar est un gigantesque front de mer de grands immeubles dont certains ne sont même pas achevés.
C'est aussi une zone sans taxe avec de grands centres commerciaux.
Puerto La Cruz : la belle pêche, les dauphins et enfin le CNED (20/09 - 24/09/2010)
La petite flotille continue sa route vers Puerto La Cruz, quittant le mouillage à 3h du matin.
Punch Coco reste à Margarita : leur route doit les mener vers Carenero,
où ils retrouveront des amis. Cette fois-ci, le vent n'est pas de la partie : nous sortons juste le génois pour augmenter
notre vitesse d'un demi-noeud (de 5 on frôle les 5,5 sur le fond) dans la mesure où la mer est très très calme.
Pour les enfants, ces conditions sont parfaites (malgré le bruit du moteur) car ils peuvent profiter du trampoline pendant
la navigation et surveiller ainsi l'arrivée des dauphins que nous avons entendu pendant la nuit sauter autour du bateau.
Nous avons mis nos 2 lignes de pêche à poste depuis le lever du jour, sans grand espoir car nous n'avons rien pêché de mangeable
depuis notre traversée Cariacou-Grenade. Mais vers 9h du matin, notre persévérance est récompensée...presque trop.
Antoine remonte la ligne et à quelques mètres du bateau apparaît un nez pointu. Ce que nous avons d'abord pris pour un petit requin
puis un énorme thon, s'avère une fois remonté (et après vérification dans un ouvrage de référence) un très grand thazard dit bâtard.
La bête est une femelle d'1m40 (nous l'avons mesurée) et pèse aux environs de 25 kg. Elle a été achevée au gourdin et dépecée patiemment
par Antoine (au-delà de 50 cm, j'abandonne) qui a levé les filets pour toute la flotille. Les beaux morceaux ont nourri 3 bateaux
pendant 2 jours (à la tahitienne, en beignets, au lait de coco, au colombo...) et le reste a été mis en conserve par mes soins.
Cette navigation est un véritable plaisir pour les yeux : nous sommes accompagnés de nombreux oiseaux marins, dont
beaucoup de pélicans et nous avons la chance à plusieurs reprises de voir des groupes de dauphins nager devant les étraves.
Ce n'est pas avec notre bateau qu'ils joueront le plus (peut-être sont-ils effrayés par les cris des enfants qui hurlent et piaillent
dès que l'on aperçoit les nageoires !) mais avec Odyssée, qui a donc le copyright sur cette photo. Mais ils sont venus très près à
plusieurs reprises et ce spectacle est vraiment génial, il n'y a pas d'autre mot.
Le paysage réserve aussi de belles surprises pour les yeux. Le haut relief de Margarita reste très visible, nous avons pu profiter
de l'aspect désertique de Coche, longé la côte de la péninsule de Araya qui ferme le Golfe de Cariaco.
L'arrivée sur Puerto La Cruz est un slalom entre des îles aux formes et aux couleurs étonnantes, occasion de faire aux enfants
un petit cours de géologie.
La baie de Puerto La Cruz nous rappelle quelque baie normande fréquentée par ferries et tankers mais nous la traversons bien vite
pour entrer dans la petite marina de Bahia Redonda en fin d'après-midi. Qui dit petite dit manoeuvre dans un mouchoir de poche mais
Antoine a apparemment maintenant le bateau bien en mains (et ses équipiers assurent !).
Ici, nous retrouvons quasiment exclusivement des bateaux français (en transit, en travaux ou en rade...) et les enfants ont plein de copains.
C'est un petit village,
fermé par des barbelés surmontés de miradors et gardé 24h/24. Des "facilitateurs" sont installés sur la marina pour le change, le gasoil,
les travaux, les bons tuyaux etc...
Accompagnée de l'équipage de Kalika et de Cléo, je suis sortie dans la 'jungle hostile' pour aller au marché. Nous y avons fait provision
de produits frais délicieux : de la viande de boeuf (enfin un bon steak depuis 3 mois), des haricots verts (qui ont fini en conserve en
prévision des navigations vers les Roques et ABC)...il y a même des fraises, le tout pour un prix dérisoire, favorisé par l'effet
de change.
Antoine s'est chargé du supermarché, de faire regalvaniser la chaîne, de changer la batterie du moteur bâbord et la nourrice de l'annexe.
Nous cherchons aussi un tapissier pour changer un matelas et faire des housses pour les coussins du carré mais aucun n'est disponible pour
le moment. Nous abandonnerons peut-être ce projet d'aménagement intérieur de confort...pour ne pas rester coincés.
Grande nouvelle aujourd'hui : les filles ont reçu leurs cours du CNED ! Elles ont dépouillé avec frénésie les cartons (plus pour les bouquins
que Victoire a gentiment glissés dans les espaces laissés libres entre les manuels du CNED que pour les cours). Nous allons attaquer les
deux permières évaluations la semaine prochaine pour les expédier d'ici avant de repartir. En attendant, départ demain matin pour 3 jours dans
le delta de l'Orénoque.
Delta de l'Orénoque : la vie autrement (25/09 - 27/09/2010)
Le Venezuela est un pays de contrastes. Après les baies turquoise, la ville aux couleurs chaudes, la route parsemée de terre rouge, de torchères
flamboyantes au milieu des plaines verdoyantes, voici l'Orénoque et ses eaux chocolat. Au bout du bout de la route se trouve le petit "port" de
San José Buffa, où nous embarquons pour rejoindre le campement
Waro-Waro créé par Maria
et Christophe.
Au milieu de rien, se dressent quelques "maisons" ouvertes d'inspiration Warao (cf Journal de bord de Valentine). Nous retrouvons au campement
des français originaires de Rouen (!) : Jean et Mado, installés depuis une année au Venezuela et qui ont ouvert une posada dans le Golfe de Cariaco
à Santa Fé,
la posada Bahia del Mar , accompagnés de leurs amis Joëlle et Claude.
Nous sommes également avec des argentins, amis de Maria. Ces rencontres seront l'occasion d'échanges enrichissants sur le pourquoi du comment
chacun se trouve là.
Le campement est un havre de paix, une véritable invitation à ne rien faire à part se prélasser avec un bon livre dans les hamacs en 'moriche'.
La jungle est pourtant bien bruyante : bruit de tempête des singes hurleurs, aras, insectes en tout genre. Même si cela sonne comme un cliché,
les coucher et lever de soleil sur le fleuve sont magnifiques (mais on ne peut pas mettre toutes les photos).
La découverte du delta passe par quelques promenades originales. Dont une dans la jungle, tous équipés de bottes en caoutchouc que nous
aurons bien pris soin de secouer vigoureusement avant de les mettre - pour faire fuir les scorpions ou araignées qui auraient pu s'y glisser.
C'est la saison des pluies : nous nous enfoncerons parfois dans la boue jusqu'aux genoux pour progresser derrière notre guide Luis.
Nous sommes allés à la pêche aux piranhas : même hors de l'eau, ils continuent à tenter de croquer tout ce qui passe à leur portée. Grillés,
ils se laissent enfin savourer.
Nous nous promenons en pirogue ou en barque à moteur que Luis arrête brusquement lorsqu'il a repéré des oiseaux ou des singes dans les arbres.
Il nous emmène visiter une petite "communauté" Warao, quatre familles qui vivent ensemble au bord du fleuve. La rencontre est chaleureuse,
le lien est créé par Maria qui vit et travaille dans le delta depuis 7 ans. A coup de 'chaquera', le seul mot de politesse Warao qui veut tout
dire (bonjour, au-revoir, merci, s'il te plait, cela me fait plaisir...) la maîtresse de maison nous montre comment confectionner les paniers
qu'ils utilisent mais qu'ils ne trouvent pas assez attrayants pour les touristes et donc qu'ils ne vendent pas.
Ce sont cependant les paniers que je trouve les plus jolis et les plus pratiques : Luis a donc récolté les tiges de palme dans la jungle et
avec celles-ci, la "maîtresse" m'en confectionne pour le lendemain deux qu'elle m'offre gentiment.
Les enfants Warao sont surprenants : à 4 ans à peine, ils prennent la pirogue seuls au coucher du soleil pour venir à la rencontre de notre bateau
arrêté au milieu du fleuve pour nous permettre d'admirer le paysage et tenter d'apercevoir des dauphins roses.
C'est aussi sans doute leur petit rituel : venir
chercher un peu du jus d'orange que nous transportons dans la glacière du pinero.
Nous vivons au rythme du soleil, sans électricité et sans eau courante. Nous vivons lentement, encore plus lentement que sur notre propre
bateau au mouillage où en comparaison, l'activité est frénétique. Lorsque nous retrouvons au bout de 3 jours le petit village dont nous
sommes partis, nous avons l'impression de retrouver un monde bruyant et pollué.
Les enfants ont savouré cette parenthèse : outre le parfum d'aventures (dormir dans des hamacs, affronter des serpents et des scorpions !), je pense qu'ils
ont tout simplement découvert ce que peut être un bel endroit, une belle ambiance et une autre façon de vivre.
Aperçu d'une semaine à Puerto La Cruz (28/09 - 04/10/2010)
Après notre escapade dans l'Orénoque, nous restons amarrés encore une semaine à la Bahia Redonda avec un objectif majeur : venir à bout des deux
premières séries d'évaluations du CNED pour Cléo et Valentine avant de larguer les amarres. Grand challenge car bien sûr pour certaines matières,
ce que nous avons reçu ne correspond en rien à ce que nous avons travaillé depuis le début (allez savoir pourquoi !) et nous devons reprendre français et sciences
pour Cléo ainsi que l'histoire-Géo pour Valentine. Nous devons aussi faire la musique et les arts plastiques pour les deux (je vous donne les sujets :
"l'habitant de Textura" et une oeuvre façon Arman), et ce avec les moyens du bord, bien sûr limités. Sans compter les enregistrements de chants,
poésies et lectures (certains en ligne d'autres sur CD, là encore pour tout compliquer...). Mais aujourd'hui, notre enveloppe DHL est partie avec
1/6ème du programme à l'intérieur. Ouf!
La semaine a aussi été consacrée aux conserves (j'avais embarqué 12 bocaux, il a bien fallu les remplir et le marché local m'a bien aidée),
au grand nettoyage (si je tenais le débile
qui a recouvert les panneaux de ces vaigrages à petites rainures, je l'étriperais), aux emplettes de tissus (moustiquaire et taud de soleil pour l'avant
du bateau, Antoine, pourquoi as-tu balancé la vieille GV ?) et surtout aux anniversaires...
Lucas et Valentine ont fêté leurs 3 et 12 ans ce week-end. Les autres enfants du ponton leur ont offert de petits cadeaux qu'ils avaient fabriqués
eux-mêmes (mobiles, bracelets, avion...) ou dont ils n'avaient plus l'utilité. Ces petits cadeaux de bric et de broc leur ont fait bien plaisir,
peut-être bien plus que les avalanches qu'ils reçoivent lorsque nous sommes à la maison. Pour les enfants, ces jours en marina sont riches en rencontre et
notre bateau est toujours très animé : partis au supermarché cet après-midi pour faire l'avitaillement de départ, nous avons laissé Valentine en charge
de Lucas pendant la sieste et lorsque nous sommes revenus, tous les enfants du ponton étaient sur le bateau avec Valentine en guise de GO.
L'avitaillement : grande source de discussion. Nous devons tenir environ un mois jusqu'à Bonaire et nous envisageons Cuba par la suite.
De nombreux produits ici sont à des prix très intéressants alors que Bonaire a des prix plus proches de l'Europe et que nous ne trouverons peut-être pas à Cuba
un certain nombre de ces produits. Se pose donc la question de remplir les cales à fond...même si on grève notre budget du mois.
C'est la première fois que je vais au supermarché en tenant le compte systématique
de ce que nous mettons dans le chariot. Nous ne saurons qu'au bout du bout si cela aura été suffisant...
Départ pour Tortuga prévu normalement mercredi 6/10 à l'aube. Le site ne sera sans doute pas mis à jour pendant un bon mois, faute de connexion internet
sauf si nous avons l'occasion d'en attraper une à Gran Roque.
De Puerto La Cruz à Tortuga (5/10 - 9/10/2010)
Notre départ vers Tortuga a été repoussé de 24 heures : nos partenaires de navigation n'étaient pas prêts. Mais ce n'était sans
doute pas plus mal...nous avons vu en effet revenir plusieurs bateaux de Tortuga qui selon leurs dire, n'avaient pas apprécié
le séjour : orages, pluie, moustiques...Comme nous avions eu aussi la pluie à Puerto La Cruz, une journée de plus permet
de laisser passer la vague de moustiques.
La méteo indiquait aussi que le vent allait tourner à l'Est le jeudi après-midi, ce qui est plus favorable au beau temps
et défavorable aux moustiques.
Ces 24 heures supplémentaires nous ont permis de réfléchir et de fabriquer notre système de moustiquaires : pas très esthétique
mais apparemment efficace ; toutes les aérations ont été couvertes de tissu moustiquaire et nous en avons fabriqué pour les gros
hublots, ce qui permet une bonne aération si l'invasion est trop importante et qu'il faut rester cloîtrer le soir dans le bateau.
Les enfants ont pu aussi profiter de cette dernière journée pour dire au revoir à leurs amis du ponton. Nous avons aussi recroisé
Kakao, arrivé la veille de notre départ.
La traversée a été sympathique même s'il y a toujours trop peu de vent pour marcher complètement à la voile ;
une dorade coryphène ferrée par Colinot mais qu'il n'a malheureusement pas su garder ;
et beaucoup de dauphins à l'arrivée sur Tortuga. Pour une fois, ils ont joué avec nous !
Après 15 jours à terre, c'est le retour à la vie au grand air et au mouillage...avec ses avantages et ses inconvénients :
on peut se baigner dans l'eau turquoise mais on n'a plus droit qu'à 1,5 litre à 2 litres d'eau douce par personne pour
se laver ; la nuit est bien noire, mais nous retrouvons un vent d'Est soutenu qui rend les nuits bruyantes à cause de
l'éolienne qui tourne à fond (quoique ce soit top pour l'énergie !) ; Antoine s'initie à la chasse sous-marine avec François
(merci pour la pêche du jour) mais il faut quand même réfléchir au calendrier des provisions fraîches : elles ne doivent pas
s'épuiser trop vite ni se gâter. Et après le nettoyage intérieur, nous sommes maintenant passés au nettoyage de la
coque, qui après trois mois à l'eau est couverte d'algues et de petits coquillages : épuisement garanti !
Le ponton, surtout celui de Bahia Redonda, ce sont les rencontres faciles, là il faut mettre
l'annexe à l'eau pour faire connaissance. Mais c'est comme tout, tout est question d'habitudes et elles sont vite reprises,
surtout par les enfants...et 2 jours après, par leurs parents.
Los Palanquinos : vive le vent !(9/10 - 13/10/2010)
Toujours à Tortuga, nous passons quelques jours au mouillage de Los Palanquinos, entre un récif et la côte Nord de l'île.
Le mouillage est assez sauvage mais la plage est plus difficile d'accès qu'à Playa Caldera.
Depuis notre arrivée, le vent confirme son orientation à l'Est, entre 10 et 15 noeuds la journée, jusqu'à 20 noeuds la
nuit. Mauvais pour le sommeil...plusieurs nuits rythmées par l'éolienne m'ont convaincue hier soir de passer la nuit dans
le carré, d'autant plus que le clapot commençait à me taper sur les nerfs.
Cela, c'est pour les inconvénients, sinon, nos journées sont bien rythmées : école, lessive ou yaourts (!),
baignade, chasse sous-marine pour Antoine
(enfin on en est pour le moment à 2 petits écureuils, pour le reste, il faut avoir des bateaux-copains serial - chasseur),
cuisine, sieste pour Lulu, nettoyage de la coque pour Valentine (son amie l'a bien aidée ; merci à elles deux et non elles
n'étaient pas punies !), pain ou gâteau ou pâtes, snorkeling sur le récif, douche,
apéro, dîner, jeu ou film ou site...Les filles jouent avec leurs amies de Kalika, Raphaël a enfin essayé son masque et Lucas adore
aller dire bonjour à la nage aux autres bateaux (pourtant, avec le clapot, il avale un peu d'eau...)
Ce week-end, nous avons participé à notre premier "BBQ on the beach" : feu de camp, tente improvisée (mise à bas par un coup
de vent), partage de la pêche du jour et des gâteaux faits bateau. Les enfants ont passé leur après-midi à construire des cabanes
en bois flotté et salicorne. L'heure des moustiques a cependant sonné le glas des réjouissances.
Petit commentaire : les plages du Venez ne sont
pas très propres...elles sont sauvages : la mer y déverse tout ce que nous produisons d'indélicat pour la nature et il n'y a
personne pour ramasser. Abstraction faite de ces éléments, le sable y est plus fin et plus blanc qu'ailleurs et le contraste avec les
couleurs de l'eau, du ciel et de la végétation est souvent féérique, surtout lorsque le ciel est un peu chargé.
Cayo Herradura (14/10 - 15/10/2010)
Dernière étape à Tortuga avant de partir pour les Roques : Cayo Herradura. Cayo Herradura est le mouillage préféré à Tortuga
des yachts et petits bateaux à moteur de pêche sportive des habitants de Puerto La Cruz. Depuis les Palanquinos, nous guettions
aux jumelles depuis le week-end dernier le nombre de bateaux présents : ils étaient une quarantaine (!) jusqu'au mardi après-midi,
jour férié (Jour de la Résistance d'après notre guide). Nous souhaitions y mouiller tranquillement, pas au milieu des clapots incessants
et de la cacophonie musicale. Nous voici donc partis le mercredi matin pour découvrir cette belle plage d'un mille de long.
Ici encore, c'est le paysage carte postale dont on ne se lasse plus. Les enfants peuvent profiter de la plage, bordée de petits récifs
coralliens : Raphaël, qui avait essayé son masque deux jours plus tôt, est maintenant parfaitement à l'aise avec son tuba ! Il ne
reste plus qu'à lui enlever ses bouées. Il y a de très nombreux jolis coquillages : la collection commence à s'allonger, même s'il
prend parfois à Raphaël de balancer par dessus bord ceux que je ramasse...
L'endroit nous plaît beaucoup : nous y restons donc une journée de plus que prévu, laissant Kalika faire route seul dès le jeudi soir
vers les Roques. Nous partirons le lendemain.
Première découverte des Roques (16/10 - 17/10/2010)
Nous levons l'ancre en fin d'après-midi (après quelques cafouillages de démarrage du moteur bâbord) direction les Roques.
Le vent est soutenu et souffle dans la bonne direction. Le problème de cette navigation de 100 milles environ est le suivant :
vous devez être sûrs d'arriver lorsque le soleil est haut, c'est-à-dire à partir de 10 heures au moins. Il faut compter une moyenne
de 5 noeuds (pour être prudents), donc partir en fin d'après-midi (ce qui est plus sûr également compte tenu de l'incertitude
des cartes, sauf à avoir des "traces", et encore, il faut pouvoir guetter les filets et casiers, donc naviguer à vue au départ).
Quand le vent est trop bon, comme c'est le cas pour nous, et que le GPS dit qu'à ce rythme, vous arriverez à 5 heures du matin,
il faut se résoudre à ralentir le bateau. Nous prenons donc vite 2 ris dans la grand voile et dans le génois, ce qui s'avèrera
assez judicieux pour la nuit, compte tenu du vent qui continuera de forcir et d'une mauvaise houle courte qui secoue le bateau et
tape sous la nacelle. Nous arrivons aux Roques à 7 heures, ce qui est encore trop tôt. En liaison radio avec Kalika, qui nous conseille de
ralentir et de ne franchir la passe du récif qu'à 9 heures, nous allons faire des ronds dans l'eau vers le Nord. Nos deux lignes ont encore
une fois pêché mais les prises ont été perdues en les remontant : la technique pêche , je suis déçue car il y avait une belle bonite.
Les Roques sont un archipel très réputé pour ses belles plages, ses eaux bleues, ses poissons et ses oiseaux. Il y a aussi une ferme
de tortues de mer. Une grande partie de l'archipel n'est pas cartographié,
certaines parties sont interdites d'accès en tant que réserve naturelle. Beaucoup des photos que nous avons vues sont prises d'avion, ou
sont celles des plages colorées.
Par conséquent, ce que nous voyons en arrivant est, par contraste, assez spécial :
beaucoup de petites îles dispersées, de très grandes étendues d'eau entre elles, pas de plages vraiment visibles pour le moment,
des épaves échouées sur le récif. Et nous mouillons avec Kalika au milieu de rien, face au récif et à une grande caye qui délimite une grande
piscine.
Nous sommes allés en famille plonger sur la caye (il n'y a plus que Lucas qui ne peut pas regarder les poissons maintenant) et ce que nous
avions vu avant a alors paru bien "fade" par rapport à la faune et la flore que nous avons alors découverts. Tout avait déjà été vu mais
jamais en de telles proportions jusqu'à présent. Les Roques tiennent donc pour le moment leurs promesses.
Francisquis : plage et parasols (18/10 - 20/10/2010)
Plus que les petits îlots de Francisquis, c'est la navigation qui nous y amène qui est impressionnante. Nous remontons vers le
Nord entre la barrière Est qui protège l'archipel et une autre parallèle qui borde le côté non cartographié. Il s'agit d'avancer au
milieu des cayes, à vue mais également en s'aidant des traces échangées avec d'autres navigateurs. Les paysages sont
incroyables : d'aucuns sont impressionnés par les Tobago Cays, ici ce sont les Tobago en 100 fois plus grand.
Nous nous séparons de Kalika qui remonte vers les îlots du Nord, où nous nous rendrons également mais un peu plus tard dans
la semaine. Pour le moment, nous nous posons à Francisquis, à l'Est de Gran Roque. Trois petits îlots avec petite plage, mangrove
(donc moustiques...), bancs de sable blanc qui s'étirent dans le lagon bleu. Les personnes en séjour à Gran Roque viennent en
pinero passer la journée sur la plage ou en maxi catamaran. Mais ce n'est pas la haute saison, le niveau sonore
reste donc raisonnable : seuls 3 petits yachts sont présents. Nous rencontrons aussi des profs français détachés à Caracas pour
3 ans en vacances de la Toussaint (!).
Nous sommes un peu moins au milieu de rien. L'ambiance est plus touristique, mais tout se calme avec le coucher du soleil
derrière Gran Roque. Nous restons alors quasiment seuls au mouillage, avec le bruit du vent (de l'éolienne), des poissons
qui tapent sous la coque et de quelques oiseaux de nuit...
Gran Roque et Noronsquis : mariage et nuages verts (21/10 - 23/10/2010)
Après Francisquis, halte à Gran Roque pour une nuit. Objectifs principaux : outre la visite du village que l'on dit
"mignon", se ravitailler en produits frais après 15 jours d'isolement. Si possible, tenter une connexion internet. Pour ce dernier
point, nous avons juste réussi à relever nos mails mais pas à mettre à jour le site, la connexion n'étant pas stable. Pas beaucoup
d'emails d'ailleurs, tout le monde a compris que nous étions isolés quelque temps...
Le village est super : de petites rues de sables, d'innombrables posadas colorées, l'école dans laquelle on entend les enfants
chanter, une petite place ombragée. Nous déambulons calmement dans les ruelles qui s'animent avec le coucher du soleil lorsque
tout le monde rentre de la plage. Nous avons réussi à acquérir de quoi tenir en frais les 15 prochains jours
et deux bonnes baguettes comme les enfants les adorent du pain d'ici, c'est-à-dire un peu brioché :
cela change de notre pain bateau, très bon mais très à la française...
Nous ne restons qu'une nuit dans ce mouillage très fréquenté (le jeudi, les bateaux locaux reviennent pour être préparés en vue
du week-end) et un peu rouleur par ce vent d'Est qui n'en finit plus de souffler.
Départ donc le lendemain pour Noronsquis : on nous a dit qu'il y avait des tortues...Nous slalomons entre les cayes
pour mouiller dans un très beau lagon, grand refuge de pélicans. Nous nous émerveillions à Cariacou de voir trois pélicans,
ici, il y en a une cinquantaine (sans blague) qui se régale d'un véritable festin au beau milieu des baigneurs à 10 m de
la plage. Il y a effectivement quelques tortues que l'on peut
apercevoir, allez savoir pourquoi, plutôt en fin d'après-midi. Nous retrouvons également ici de beaux massifs coralliens qui
accueillent de très nombreux poissons. Raphaël nous fait maintenant systématiquement des compte-rendus détaillés de ce
qu'il a pu observer et il vérifie tous les noms dans le Pictolife.
Depuis quelques jours, la météo est un peu perturbée ; outre le vent assez fort, les grains se succèdent dans un ciel
chargé, ce qui nous a permis de vérifier un phénomène qui était décrit dans notre guide mais que j'imaginais comme un ingrédient
à touristes : les nuages peuvent effectivement devenir verts ! La couleur de l'eau s'y reflète ! J'ai tenté quelques photos mais
malheureusement, il faudra me croire sur parole car cela ne rend pas grand chose...
Nous avons également assisté aujourd'hui à un événement "cliché" : le mariage de deux anglais sur la plage de Noronsquis, célébré
par un officier de la République Bolivarienne du Venezuela, avec les enfants du village pour enfants d'honneur. C'est cliché mais
une chose est sûre : ils auront des photos magnifiques...et boire du champagne sur une plage des Roques n'est pas ce qui doit être
le plus désagréable comme souvenir !
Crasqui et Sarqui : trop de petits paradis (24/10 - 27/10/2010)
Nous continuons la visite des îlots en i/is...direction ceux que l'on dit bordés de belles plages aux eaux turquoise et au sable
blanc (encore ?!). Crasqui a la réputation d'être "crowded" le week-end. Mais de Noronsquis, nous n'apercevions qu'un seul mât
et un petit yacht. Nous nous y rendons donc le dimanche et effectivement il n'y a pas foule...
Quelques constructions sont installées sur la plage, dont une belle posada rose pour agrémenter les photos. La plage est
effectivement très belle, bordée elle aussi de quelques massifs coralliens où il est agréable de palmer.
Durant ce petit séjour de 48 heures, nous essuyons quelques jolis grains avec du vent bien soutenu. Nous récupérons des litres d'eau
de pluie avec notre petit bricolage, ce qui fait que nous ne faisons que rarement appel à nos réservoirs. C'est bon pour l'autonomie !
Mais où sont les bateaux ? Depuis que nous avons quitté Kalika, le seul voilier que nous avons croisé ne battant pas pavillon vénézuelien
est autrichien. Depuis Francisquis, nous sommes seuls au mouillage, sauf hier soir où un catamaran local a mouillé tout près de nous à Sarqui.
Où sont les trois voiliers que nous avions vu partir de Tortuga pour les Roques ? Dans les mouillages de l'Ouest ou déjà aux Aves ?
Plus nous avançons, plus nous pensons en rencontrer mais ce n'est pour le moment toujours pas le cas. Les voiliers ont vraiment délaissé
le Venezuela cette année.
Sarqui est un des plus beaux mouillages des Roques, parmi ceux que nous avons déjà faits. Il y a tout : la plage, le lagon
(avec quelques raies et quelques tortues), les massifs coralliens (avec des perroquets de minuit, des mérous, des poissons coffres à polygones,
des barracudas, des anémones violette),
un récif (où Antoine a croisé un requin), les pélicans et toutes les merveilleuses couleurs qui nous accompagnent depuis le début de notre périple dans ces îles sont réunies.
Mais ne se lasse-t-on pas de ces paysages ? Le risque au contraire est de tellement s'en imprégner que tout le reste nous paraîtra ensuite
sans saveur...Et puis la vie en étant quasi seuls au monde n'est pas si désagréable, même si elle est en ce moment très centrée sur nous-mêmes et même
si les nuits sont vraiment très noires.
Dos Mosquises et ses bébés-tortues (28/10 - 30/10/2010)
Les enfants attendaient cela depuis notre arrivée aux Roques : direction Dos Mosquises pour la ferme aux tortues de mer.
Nous délaissons donc le mouillage de Carenero. Nous passons devant en admirant le grand lagon. Le petit
centre de recherche de Dos Mosquises Sur collecte sur l'archipel les oeufs de tortues, protège leur éclosion et s'occupe des petites bêtes jusqu'à la fin de
leur première année avant de les relâcher. Nous sommes allés visiter les quelques bassins qui accueillent les petites tortues collectées
au cours de ce mois d'août. La personne en charge de la visite a permis aux enfants de prendre les tortues dans leurs mains. Succès garanti !
Dos Mosquises permet également de plonger sur un tombant vertigineux au bord duquel on peut trouver des dizaines de coraux
différents dont de superbes boules de corail bleues. Dans ces massifs évoluent également de très nombreux poissons de taille plus
que conséquente. Ce tombant nous aura permis de pêcher à la traîne en arrivant et de manger notre premier barracuda !
Autre événement de ces trois jours :
Wahoo est venu nous rejoindre au mouillage, tout fraîchement arrivé de Blanquilla, accompagné
d'un autre catamaran,
Corynthe . Nous sommes ravis de retrouver les Marcazzan, qui ont parcouru en un mois et demi ce que nous avons
fait en trois mois...avec certes moins d'étapes. Nous devrions continuer la route ensemble jusqu'à Bonaire, via les Aves. Nous
nous demandions où étaient les bateaux, nous en avons retrouvé deux d'un coup, avec des enfants à bord ! Tout le monde est ravi de
sortir un peu du cercle familial !
Pour le moment, nous surveillons également Tomas, une tempête tropicale qui devrait devenir un cyclone d'ici quelques heures et qui, malgré sa
trajectoire bien plus au Nord de notre position, passe tout de même assez Sud dans la mer des Caraïbes et qui
va donc perturber le sens du vent pendant 72 heures (en faisant un 360 °) et provoquer une houle certaine. Les Roques ne sont pas
un archipel
très protecteur en cas de cyclone, mais nous ne devrions pas essuyer de vents trop forts, en tout cas, pas en tempête, mais
peut-être plus certainement de la houle. Nous espérons pouvoir nous protéger de la houle
d'Ouest au mouillage suivant, à Cayo de Agua. En conséquence, nous allons aussi repousser de 24 heures notre départ pour les Aves.
Cayo de Agua : les crabes de cocotiers (31/10 - 01/11/2010)
Avec Wahoo et Corynthe, nous partons pour le dernier mouillage que nous avons prévu de faire aux Roques, Cayo de Agua. Il s'agit de quatre
îlots qui forment un grand lagon. Le paysage est plus sauvage qu'à Dos Mosquises. Au cours de la première journée, une forte houle
vient s'écraser contre le flanc Sud, créant de très beaux rouleaux dans lesquels les plus grands s'aventurent en body-board.
Cela ressemble presque à la côte Atlantique. Le lagon est aussi assez agité, ce qui ne nous permet pas d'aller observer les poissons
puisqu'avec les masques, nous ne voyons pas à un mètre...
Une autre expédition dans les dunes fait découvrir aux enfants un cocotier au pied duquel vit une colonie de crabes...Les enfants
ont donc entrepris de leur construire un village sur la plage avec palais pour le roi, prison, amphithéâtre, petites maisons. Avant
que nous ne nous rendions finalement compte, en revenant au bateau, en consultant notre livre de recettes, que ces crabes peuvent
se manger...et qu'ils sont excellents ! Ce sera pour une prochaine fois !
Le temps n'est vraiment pas génial, mais le vent semble s'être bien rétabli à l'Est. Nous programmons donc notre départ pour Las Aves.
Las Aves de Barlovento : la dérouillée (02/11 - 04/11/2010)
Nous voilà partis, vent arrière mais bien soutenu : sur Scorff, nous décidons quand même d'y aller à la voile ; marre du moteur !
Nous prévoyons de tirer quelques bords arrières. Nous installons même une 3ème écoute sur le génois pour le maintenir au taquet et
éviter ainsi qu'il ne se dévente. Cependant, nous voyons que nous avançons vers une grosse masse nuageuse. Ces nuages vont dans le
mauvais sens, ce qui n'est pas très bon. Et cela n'a pas raté ! Le vent fait brutalement
demi-tour et forcit. Nous réglons le bateau au près. A 25 noeuds, nous prenons le 2ème ris, à 30, le troisième, cinq minutes après,
l'anémomètre indique 40 noeuds. Nous décidons donc d'affaler et de ne garder qu'un tout petit bout de génois. Les manoeuvres se
passent bien mais le coup de vent ne s'arrête pas. Le ciel est gris, quelque soit la direction dans laquelle on regarde, la mer est
hâchée. Nous avons remis les moteurs pour ne pas être en fuite et avancer malgré tout vers notre cap. Nous serons secoués pendant 3
heures avec un vent de 20 noeuds de face, un comble après 24 heures de vent d'Est. Rien n'était apparu dans les prévisions météo.
Peut-on encore parler de phénomène local sur 20 milles ? La leçon que nous en tirons : ne pas prendre la mer seulement 24 heures après le passage d'un
phénomène de type dépression tropicale (le fameux Tomas !) mais attendre plus longtemps car ces fameuses dépressions laissent
derrière elle de très mauvaises traînes. Bon, nous sommes finalement arrivés entiers aux Aves mais bien crevés ! Pas de casse. Lucas aura été malade mais tous les enfants
auront dormi au moins 2 heures. Pour nous réconforter, c'est gros goûter avec chocolat chaud et crumble aux poires le soir en dessert.
Le lendemain matin, nous allons nous promener en annexe à la rame dans la mangrove et observer les nombreux oiseaux
qui nichent dans les palétuviers, surtout des fous au bec bleu et aux pattes rouges et quelques frégates.
Nous apercevons quelques jeunes aux plumes ébouriffées
Nous retrouvons aussi avec plaisir nos amis de Kalika. Nous les rejoignons au mouillage le plus à l'Est de l'Isla Sur après un slalom de 2
milles entre les cayes. Face au récif, nous sommes bien protégés de la houle. Les filles sont contentes de pouvoir jouer ensemble
de nouveau. François et Marie nous offrent un apéritif 3 étoiles avec accras de perroquet, calamars à la tomate et blinis au thon !
François nous approvisionne gentiment en poissons : de quoi tenir un siège ! Quant à nous, nous sommes toujours aussi nuls à la
pêche au harpon !
La météo reste cependant toujours un souci : c'est maintenant un front froid à l'Ouest et une dépression sur Cuba qui vont de nouveau
créer du vent d'Ouest ce week-end...25 à 30 noeuds prévus à Bonaire...il va falloir attendre avant de retrouver la civilisation !
Sans doute pas de départ possible avant mardi prochain.
Las Aves de Sotavento : on y sera passé quand même (05/11 - 06/11/2010)
Aux Aves de Barlovento, nous avons tergiversé : route directe sur Bonaire avec navigation de nuit ou étape par les Aves de Sotavento
avec 2 navigations de jour pour atteindre Bonaire. La météo (encore elle) ne nous laissait pas espérer de fenêtre avant mardi.
Les fichiers 'grib' que nous récupérons vendredi matin sont un peu plus encourageants et Kalika, via la BLU, obtient des cartes plus favorables.
Nous votons démocratiquement et à 3 voix contre 1 votons pour 2 nav' de jour dont la première assurée avec Kalika. Nous partons donc
pour les deuxièmes Aves dès vendredi matin : ni les cartes BLU, ni les fichiers 'grib' ne seront tout à fait justes. Le vent d'Est
est faible et arrière et tournera plutôt Nord à notre arrivée. C'est donc encore une fois une navigation au moteur...
Mais cette navigation sera récompensée par des dizaines de dauphins à l'approche des Sotavento, dont une mère et son petit. Ceux-ci
surfent sur la grande houle et s'amusent à se laisser rattraper par nos étraves. Nous aurons droit à un spectacle d'environ une demie-
heure, spectacle que nous avons admiré à plat ventre sur le trampoline (mais que les garçons ont raté pour cause de sieste).
Nous pêchons aussi à la traîne barracuda et bonite, ce qui est bon pour le moral !
Sotavento est un petit Roques. Nous n'apprécierons pas le mouillage car nous serons chahutés toute la nuit par une houle du Nord
(là, les 'grib' avaient raison). Par précaution, le front froid ayant pris un peu de retard et les vents annoncés sur Bonaire
étant prévus moins forts qu'initialement (mais là encore, vous verrez que nous aurons des surprises) et puisqu'aucun mouillage
n'est vraiment confortable dans le coin, nous précipitons donc notre départ vers Bonaire, en laissant Kalika derrière nous : un tiers
sera fait sous voile à bonne
allure. Nous retrouvons Wahoo et Corynthe devant Kralendjik samedi en fin d'après-midi...ainsi qu'une ville, avec des voitures (quel
est ce bruit incessant ?), une connexion internet, 2 (!) supermarchés hyper bien approvisionnés et plein de petites maisons bien
proprettes façon Hollande mais à la sauce tropicale.
Le Venezuela, c'est bien fini !(06/11/2010)
Nous avions beaucoup tergiversé pour "faire" le Venezuela. Après plus d'un mois et demi à naviguer dans ses eaux, avec un petit séjour
à terre, nous regrettons de ne pas avoir pu explorer davantage ses côtes en voilier (Moshima, Golfe de Cariaco, Chimina) - parce que
nous avons respecté les consignes de sécurité des habitués - et de ne pas avoir pu explorer Canaïma et les Salto Angel Falls (les chutes de Là-Haut)
- parce que Lucas et Raphaël sont trop
petits pour le voyage en pirogue et les marches derrière les cascades. Mais nous sommes heureux d'avoir pu découvrir les richesses de l'Orénoque
et des îles au large, qui sont autant de petits paradis. Ce pays dispose de paysages extraordinaires et ses habitants sont chaleureux.
Espérons qu'il pourra se laisser découvrir dans les années qui viennent, sans que ses visiteurs aient à souffrir de la sécurité.
Pour notre part, nous n'avons jamais rencontré de problèmes particuliers ni ne nous sommes sentis en insécurité, même à Puerto La Cruz.
Les histoires sordides existent, elles tournent en rond, sont déformées à force d'être racontées sans cesse. Nous avons aussi peut-être eu
de la chance. Nous ne le saurons jamais. En prenant quelques précautions, il n'y a aucune véritable raison de ne pas visiter ce pays
à la voile (enfin beaucoup au moteur car pour le vent, pas top, sauf 40 noeuds ! mais vu le prix du gasoil...).