Une année en voilier aux Antilles



Site de la Famille PERRIN !

Puerto-Rico

DR devient PR (21/01 - 24/01/2011)


Drôle d'annexe Nous avons mis 38 heures à rallier Boqueron (au Sud-Ouest de Puerto Rico) depuis Boca Chica, à seulement 4 noeuds de moyenne. Pénible, contre le vent et le courant, à moitié à la voile en tirant de grands bords, à moitié au moteur quand le vent n'est pas suffisant. On se demandait parfois quels réglages on ratait pour que cela avance aussi lentement. Mais à moins de 60 degrés du vent, le cata, c'est la cata.
A part Valentine qui a mis 24 heures à se sentir mieux, les enfants ont bien supporté cette navigation, peut-être un peu aidés par le médicament anti-nauséeux suisse miracle (Stugeron). Le capitaine, qui a toujours du mal à trouver le sommeil quand la capitaine en second veille, l'envoie parfois balader lorsque celle-ci le réveille pendant son quart pour partager une décision : "Débrouille-toi !" s'entend-elle rétorquer. Nous avons donc vu avec satisfaction les lumières de Puerto Rico apparaître vers 5h du matin.
La baie de Boqueron est bien large, même si l'accès en est protégé par deux grands bancs de sable, ne laissant que deux chenaux clairs pour y pénétrer. Le chenal sud est balisé par deux bouées, dont une lumineuse, ce qui permet une approche à l'aube. Plusieurs bateaux sont mouillés dans la baie, tous américains ou portoricains. Les enfants nous réclament un brunch, "trop bons les pommes de terre sautées et les oeufs au plat" après les navigations un peu longues !

Drôle de bicoque Le parcours du combattant démarre le lendemain de notre arrivée : lorsque vous débarquez à Puerto Rico en voilier, quelque soit votre nationalité et le pavillon de votre bateau, vous appelez le calling center de la CBP (Customs and Borders Patrol) pour vous faire connaître. Vous déclinez au téléphone toutes les identités et numéros de passeport de l'équipage ainsi que celle du navire. Malgré cela, on vous enjoint à vous présenter le plus tôt possible au poste de douane et immigration le plus proche pour faire tamponner vos passeports et obtenir votre licence de navigation dans les eaux US. Pour nous, le port le plus proche signifie la ville de Mayaguez où nous ne voulions pas remonter avec le cata car elle est située au milieu du Mona Passage (qui n'a pas très bonne réputation). Nous tentons donc l'expédition par la route.
Il nous faut trouver un bus mais cela n'existe pas : nous sommes presque aux US, presque tout le monde a une voiture individuelle, alors les transports publics, quelle question bizarre...Il y a bien quelque chose : les "publico", c'est-à-dire les taxis publics. Ils ont des lignes fixes mais peuvent s'en écarter moyennant finance. Mais on paie un mélange de forfait et de prix au voyageur...Pour nous six, l'addition sera salée : 60 $US pour l'aller-retour, le tout en changeant deux fois de publico, une fois à Cabo Rojo et une autre fois au centre commercial de Mayaguez à l'extérieur de la ville (avec Sears et tout...). Cela nous reviendra finalement aussi cher que si nous avions pris un taxi privé. Nous avons juste vu un peu plus de pays et pu discuter avec plus de personnes. En espagnol, enfin en portoricain (bien plus difficile à comprendre) car à part dans les zones un peu touristiques, les gens ne parlent pas tous anglais.
A la douane, on nous attendait : "you are the french crew !". Ils sont heureux que nous ayions des visas, "otherwise it is much more complicated". Même si pour eux, c'est plus simple, à nous, cela paraît bien long ! Entre les trajets et le temps passé, nous aurons mis cinq heures pour faire ces formalités. Heureusement, la sortie peut, quant à elle, être effectuée par téléphone, à condition de renvoyer nos petites cartes d'admission sur le territoire par courrier. De retour à Boqueron à 14h30 et n'ayant plus l'envie de préparer à déjeuner, j'entraîne tous les affamés dans le restaurant La Marea, que nous a recommandé un yachtsman qui tanke là depuis semble-t-il des années. Excellent choix, très réconfortant, bon service et bon rapport qualité-prix.

Boqueron (25/01 - 27/01/2011)


Baraque à huîtres Boqueron est une station de vacances bien animée les week-ends où s'installent dans les rues les stands de dégustation d'huîtres de mangrove (arrosées de Medalla, la bière locale). Après le marathon des formalités, le premier contact avec Puerto Rico n'est pas désagréable : les gens sont avenants, les rues ont des trottoirs (c'est un grand luxe pour la poussette de Lucas), les maisons sont presque toutes sur pilotis et ressemblent à des chalets de vacances...en bois et en couleurs.
Nous nous y posons quelques jours, les enfants reprennent le travail. Depuis que Raphaël a vu deux américaines sauter le matin pour faire leur gym sur le trampoline de leur Bahia 43, il a obtenu l'autorisation lui aussi (enfin, après 6 mois !) de sauter sur le fameux filet ! Nous aimons bien la grande plage. L'eau y est bien chaude l'après- midi. Nous rencontrons une française installée ici depuis quelque temps et qui fait du jardinage bio. Elle nous parle de l'île, combien c'est beau mais aussi combien le style de vie est américanisé.
Nous nous heurtons en bons français aux règles américaines : Valentine est furieuse que les bars soient interdits aux mineurs (!?). Il est vrai que nous allons picoler des mojitos avec tous nos enfants dans tous les bars que peuvent compter toutes les îles où nous débarquons...Nous nous faisons réprimander par la police de la plage parce que nous avons beaché là où c'était interdit. Nous aurions dû savoir que les bouées délimitant la zone de baignade, absentes à cet endroit, étaient virtuelles...Le stop ne marche pas, il faut respecter les lignes jaunes...
Baie de Boqueron Nous passons aussi un peu de temps à peaufiner notre itinéraire le long de la côte Sud. Nous allons demander conseil aux bateaux qui arrivent, pour confronter nos cartes et nos guides. En effet, cette côte est bien différente de celle de la DR. Elle présente un relief cahotique, avec falaises, récifs, hauts-fonds, barrières de corails...Les cartes Max Sea n'indiquent pas tous les mouillages que nous envisageons. Nous avons une idée de ce que nous avons envie d'explorer mais certains accès nous paraissent délicats. Mis cependant en confiance par nos navigations aux Roques (à vue et avec des cartes fausses), nous décidons de tenter La Parguera, un village caché derrière plusieurs barrières de récifs et îles de mangrove, avec néanmoins un chenal balisé, d'après les cartes, même s'il semble assez étroit.
Puerto Rico qui est une grande île, a aussi comme Hispaniola et Cuba, un régime de vent particulier, lié au phénomène des thermiques : les alizés sont annulés ou réorientés la nuit ; le vent est faible jusqu'à environ 9h30 le matin avant de se lever pour forcir tout au long de la journée et s'apaiser de nouveau avec le coucher du soleil. Nous prévoyons donc, comme nous allons naviguer vers l'Est, de profiter de ces phénomènes en partant à chaque fois très tôt le matin, pour arriver au point suivant à une heure raisonnable, sans avoir à manoeuvrer dans des mouillages étroits avec plus de 20 noeuds de vent.

La Parguera (28/01 - 31/01/2011)


Chalets à La Parguera Nous sommes très contents d'avoir tenté ce mouillage dont l'accès nous paraissait compliqué, avec ses cartes gribouillées de récifs, îlots et cayes en tout genre. Partis à 6h de Boqueron, nous passons le Cabo Rojo, avec ses falaises et son très beau phare dans le soleil levant, nous longeons les barrières de corail où cassent les vagues, les collines et les vallons rougeoyants avant d'entrer quatre heures après derrière la barrière qui protège La Parguera.
Nous trouvons un plan d'eau calme, parsemé d'îlots et de cayes derrière lesquels on aperçoit des chalets de pêche sur pilotis et le village de La Parguera, avec quelques immeubles sur les flancs des collines. Nous retrouvons un paysage digne des beaux mouillages des Roques, si ce n'est l'eau, beaucoup moins transparente puisque le fond est tapissé d'herbiers. Nous pouvons combiner nos explorations : à pied dans le village, en bateau à moteur pour nager à la nuit tombée dans les baies phosphorescentes - là où le plancton illumine l'eau d'un beau bleu lorsqu'elle est agitée - en annexe dans la mangrove ou près des îlots pour palmer et tenter d'attraper les langoustes qui se cachent dans les trous de sable...
Retrouver de l'eau baignable nous permet aussi de caréner avec vigueur et acharnement, avec l'espoir de gagner un demi-noeud de vitesse dans nos prochaines navigations !

Bahia de Guanica - Punta Jacinto (01/02 - 03/02/2011)


Guilligan bar à Jacinto Nous avons quitté La Parguera pour une étape intermédiaire avant Ponce, à la pointe Jacinto dans la baie de Guanica. Cette pointe est une petite avancée dans la baie sur laquelle sont perchées de belles villas entourées de bougainvillées, avec accès direct à la mer. Il y a une petite île de sable et de mangrove sur laquelle on peut aller passer la journée : l'eau y est peu profonde et transparente, avec plein de petits poissons. L'eau est transparente car il y a en fait beaucoup de courant. Les enfants peuvent se laisser dériver. Le mouillage est calme, avec quelques barques colorées de pêcheurs et un léger roulis qui nous berce la nuit.
Au milieu de ce calme, nous recevons une mauvaise nouvelle : mon papa, malade depuis plusieurs années et dont l'état s'était malheureusement aggravé depuis deux mois, est décédé. Tous un peu abattus, nous nous attachons à organiser mon retour en France pour une semaine : il faut trouver un billet d'avion, une marina où Antoine et les enfants peuvent rester une semaine sans trop s'ennuyer en attendant que je revienne et nous y rendre avant mon départ. Ce sera Ponce et je prendrai l'avion de San Juan.

Ponce : Marina et retour en métropole (04/02 - 12/02/2011)


La Guancha Avant que je ne prenne l'avion pour Paris (via les US), nous amarrons Scorff au ponton du PYFC (Ponce Yacht et Fishing Club) et nous essayons d'organiser le nécessaire alors qu'Antoine va rester une semaine seul avec les enfants, lessive et courses notamment. Le PYFC est loin de tout, et comme partout à Puerto Rico, les transports publics sont quasi-inexistants. Je mettrai d'ailleurs quelques heures à organiser mon moyen de transport de Ponce jusqu'à l'aéroport de San Juan.
Les enfants passent la semaine à travailler, jouer à la piscine et aux jeux du petit parc. Lucas fait des progrès en marche et Raphaël en natation. Les douaniers et policiers viennent régulièrement demander à l'équipage de Scorff ce qu'ils font ici.
Quant à moi, ma semaine en France, dans ces circonstances particulières, passe vite. Je ne suis pas trop étourdie par le rythme, un peu comme dans une bulle. La meteo sera douce, je ne reviendrai pas malade (!). Bien entourée par la famille et les amis, je suis malgré tout contente d'avoir revu les personnes qui me sont chères, même si une manquait. Après ces quelques jours, je suis ravie de retrouver ma petite famille au complet à San Juan, je suis rentrée à la maison.
Les enfants et Antoine, qui ont profité du fait qu'ils venaient me chercher le soir, ont visité San Juan. Cela leur a bien plu, nous y retournerons donc tous en famille après une escapade dans les montagnes.

Promenades dans l'île - Nouvelle visite de San Juan (13/02 - 15/02/2011)


Cavaliers sur les routes de montagne Nous voici donc partis avec notre voiture de location en direction de San German. Avec Ponce et San Juan, c'est une des trois villes fondées à l'époque coloniale. Malheureusement, lors de cette escapade, nous avons oublié l'appareil photo au bateau. J'ai pris des photos avec le téléphone portable mais je n'ai pas le matériel pour les transférer sur le PC. Les photos associées à cette journée seront donc déchargées plus tard...
Avant d'atteindre San German, nous faisons un détour par les routes de montagne, au milieu des plantations de café. Nous pouvons pique- niquer au bord d'un lac avant de continuer à grimper par les routes en lacets et de redescendre en passant par Maricao - un village dédié à la culture du café - et Mayagüez. De nombreux cavaliers marchent sur les routes. Les paysages au détour des cols sont superbes : collines vertes, orangées et jaunâtres, la mer des Caraïbes qui se détache au loin, d'un bleu profond, et le ciel contrasté, lourd et chargé de nuages noirs au-dessus des montagnes, clair et dégagé dès que l'on regarde vers la côte.
Nous rejoignons l'autoroute et terminons notre journée par les visites de San German et de Ponce. San German est très calme, s'articulant autour de deux petites places ombragées dominées chacune par une église. Les immeubles coloniaux sont bien entretenus, fleuris et colorés. L'ambiance à Ponce le dimanche soir est chaleureuse : tout le monde se presse sur la Plaza de Las Delicias, où se dressent la cathédrale, la caserne des pompiers (Parque de Bombas) rénovée en rouge et noir, et la fontaine aux lions.

San Juan, vues générales Le lendemain, nouveau départ pour San Juan. Je suis la seule à découvrir la vieille ville pour la première fois. C'est une agréable surprise : Puerto Rico est assez riche et les américains entretiennent leur patrimoine (quasiment le plus vieux du Nouveau Monde). La ville est donc propre, les rues sont pavées de bleu-gris (couleur officielle bleu de San Juan), les bâtiments sont en très bon état et repeints régulièrement. Le vieux San Juan est bâti sur une presqu'île qui ferme une très grande mangrove. Le nord de la presqu'île est dominé par les forts d'El Morro et de San Cristobal. En bas des remparts, sur la mer, se trouvent quelques habitations plus populaires...mais elles restent discrètement à l'abri des regards des touristes, de même que celles situées près des quais de débarquement des paquebots.

El Morro et San Cristobal Nous visiterons les deux forts. El Morro et son phare sont entièrement rénovés. La vue des remparts sur toute la baie et la mangrove est magnifique. Comme c'est la journée du patrimoine (ou un équivalent), nous aurons droit à la visite des citernes à eau de pluie de San Cristobal : visite façon show télévisé où chaque participant se présente avec sa petite "private joke" et où chaque explication est accueillie d'exclamations enthousiastes, notamment à chaque fois que le ranger-conférencier donne la date de construction de ce qu'il décrit. Il est vrai que tout cela a plus de 500 ans et tient encore debout !

Bars et restaurants à San Juan La ville regorge de boutiques chics, de bars et de restaurants branchés, mais aussi de cafeterias typiquement portoricaines, au style gentiment décalé (on se croirait dans les années soixante avec les comptoirs en formica et les vieilles machines à café). Nous ferons quelques pauses gastronomiques dans ces endroits sympathiques (les lasagnes de plantins de la Bombonera sont excellentes !).

Maisons de San Juan Evidemment, on ne se lasse pas de flâner dans les ruelles : nous admirons les couleurs, les balcons fleuris...San Juan est véritablement une ville très attachante. On s'y sent tout de suite très bien. Nous ferons également un petit tour au musée Don Q, Q pour Quichotte, le rhum local, initialement fabriqué par la famille Serrallès dans une distillerie près de Ponce. A présent, l'île ne produit plus de canne à sucre mais importe ce qui est nécessaire à la production. Marketing aidant, le Don Q se décline à toutes les saveurs dans ses bouteilles en verre façon glacé : Lemon, Mojito, Coco, Passion...

On repart ! : Caja de Muertos (16/02 - 17/02/2011)


Aperçus de Caja de Muertos Maintenant que nous avons exploré les endroits sympathiques du coeur de l'île, nous avons hâte de repartir. Nous consacrons une dernière journée en marina et profitons que nous avons encore la voiture de location pour terminer les traditionnels préparatifs d'avant retour aux mouillages isolés. Je ne les répèterai pas, vous les connaissez maintenant par coeur. Ah, ici, nous avons ajouté le plein de gasoil.
Nous partons le mercredi matin pour Caja de Muertos, une île qui a effectivement, vue de la côte de Puerto Rico, l'air d'un cercueil... mais qui n'a rien d'aussi sinistre. Petite navigation en partie contre le vent et sous le soleil. Nous sommes heureux de retrouver le calme du mouillage et ses mouvements de roulis réguliers sans rien qui frotte contre la coque. En effet, à Ponce, la légère houle qui pénétrait jusqu'aux pontons faisaient en permanence grincer amarres et pare-battages. Dans les jours de grand vent, nous y avons même laissé deux de nos défenses : une dont le bout s'est arraché et une autre qui s'est crevée. Mon prochain cadeau d'anniversaire est donc tout trouvé : deux nouveaux pare-batt'.
Peu de bateaux au mouillage, une jolie petite plage, un petit ponton, quelques scientifiques qui logent sur l'île qui est une réserve naturelle (tortues, couleuvres, iguanes, salamandres, lézards, oiseaux...), une ballade jusqu'au phare pour admirer la vue : de bons ingrédients pour renouer avec les plaisirs du bateau de voyage. Seule ombre au tableau : nous avons enfin pêché, mais deux barracudas. Mais dans le nord, on ne les consomme pas, le risque de ciguatera est trop grand. Première chose confirmée par les personnes présentes sur l'île. Nous les rejetons donc à la mer avec dépit.

Le Spanish Waters portoricain : Salinas (18/02 - 20/02/2011)


Mouillage de Salinas : depuis le mât Avant de nous rendre dans les SVI (Spanish Virgin Islands = Vieques et Culebra), nous prévoyons une dernière étape à Salinas. Nous pêchons encore en navigation : cette fois-ci, c'est un beau snapper ! Nous avions l'habitude d'en déguster dans le Sud. Nous nous précipitons quand même sur notre guide qui recense les poissons à risque. A priori, pas de problème de ciguatera avec cette espèce. Compte tenu de son poids, il peut faire quatre repas dont des accras. Nous l'avons mangé en partie et pour le moment, tout va bien. Pourvu que ça dure !
Après encore quelques bords, nous entrons dans la baie de Salinas. Il s'agit ici encore d'une baie de mangrove, extrêmement protégée. Et là, surprise : jamais vu autant de bateaux (à voiles bien sûr) au mouillage à Puerto Rico ! C'est leur Spanish waters : bateaux sur corps-morts à demeure, quantités d'américains sur leurs bateaux de voyage et deux bateaux français : Scorff et Jason. Et le vent passe son temps à tournicoter ! Jason est le bateau de Catherine et Marc, qui font le tour du monde. Ils se dirigent vers l'Ouest, Cuba puis redescendront la côte Caraïbe en direction de Panama pour traverser l'année prochaine.
Dans la série : "le monde est vraiment petit", signalons que le grand-père de Catherine était de Remiremont dans les Vosges, s'appelait Perrin et était comptable dans une filature. Pour ceux qui ne voient pas la coïncidence, petit éclairage : Remiremont est situé à côté de Thiéfosse, où le grand-père d'Antoine possédait une filature. A part cela, nous échangeons une grande carte routière de Cuba contre des informations sur les mouillages de Vieques, Culebra, USVI et BVI.

Vue plongeante sur Scorff Nous sommes partis à la recherche de la plage dans le village : un portoricain qui vient de passer 20 ans aux USA et est revenu pour aider son cousin à ballader les touristes dans la baie nous explique que quand il était petit, il y en avait une ici mais que maintenant, tout est bétonné et il n'y a plus d'accès. Les plages sont sur les îles de mangrove dispersées dans la baie à l'extérieur du mouillage...il peut bien sûr nous y conduire pour 5 USD chacun !
Nous avons deux bateaux, donc si nous le souhaitons, nous pouvons y aller aussi par nous-mêmes. Nous choisissons cependant de grappiner l'annexe sur un banc de sable pour permettre aux enfants de se baigner comme dans une petite piscine. Les enfants adorent goûter dans l'annexe au milieu de l'eau !
Comme le plan d'eau est vraiment calme, Antoine monte au mât pour regraisser l'anémomètre et vérifier les haubans. Lucas est également volontaire. Il aura donc le droit lui aussi d'enfiler le baudrier et d'être soulevé de quelques mètres.

Vieques (21/02 - 24/02/2011)


Les rochers d'Esperanza Après Salinas, il s'agit de quitter l'île principale de Puerto Rico pour Vieques. Notre point d'atterrissage est Esperanza, un petit bourg sur la côte Sud. 51 milles en route optimale. Pour nous, contre le vent, cela signifie au moins 25% de plus. Donc nav' de nuit. Nous quittons la mangrove de Salinas en fin d'après-midi. Avec les grains qui se succèdent, le vent n'est pas dans la direction habituelle. Nous sommes au portant pour quelques milles. Bizarre d'être au portant avec les vagues et le courant dans le nez ! Evidemment, cela ne dure pas et à la tombée de la nuit, le vent reprend sa direction habituelle.
Nous arrivons le lendemain midi dans la baie d'Esperanza, après 75 milles (nous commençons à bien maîtriser nos prévisions de route !). La nuit a été un peu difficile : vagues courtes, vent instable en force (donc manoeuvres de prises de ris multiples) et quelques virements. Nous sommes contents de mouiller dans la baie. Il y a quelques corps-morts mais ils sont privés alors après nous en être rendus compte, nous jetons l'ancre. Le paysage est très contrasté : blocs de granit, sable blanc et cocotiers. Le petit village est constitué d'un malecon (promenade de front de mer), le long duquel s'étalent bars et restaurants animés. Il y a un musée-boutique auto-proclamé conservatoire historique de Vieques. On peut y découvrir quelques "trésors" exhumés tout au long des siècles, des aquariums et de l'artisanat local. Quelques mots et explications également sur l'homme de Puerto Ferro, un squelette d'indien taïno daté de 4000 ans.


Baie de Puerto Ferro Justement, notre prochaine étape à Vieques est Puerto Ferro. Il y a à Puerto Rico 3 baies luminescentes : une près de la Parguera (où nous sommes allés en excursion), Fajardo et une à Vieques, Puerto Mosquito. Puerto Ferro l'est aussi mais dans une moindre mesure. Les voiliers ne peuvent pas mouiller dans les baies les plus spectaculaires mais à Puerto Ferro si. Lorsque la nuit est bien noire, un certain plancton produit une lumière bleue lorsque l'eau est agitée. Pour que ce plancton subsiste, il faut certaines conditions : pas de pollution humaine notamment. Dans ce mouillage, nous fermons donc nos tanks à eaux noires, et tentons d'utiliser avec encore plus de parcimonie que d'habitude savon et produit vaisselle. Pas de produit solaire ni anti-moustiques dans l'eau non plus. Mais comme la baignade n'est pas très engageante (c'est une mangrove assez fermée), cela n'est pas trop difficile à respecter.
La journée est consacrée aux jeux de sable (enfin plutôt vase) sur une petite avancée dans la baie. Le soir, une fois que la nuit est bien noire, nous partons en annexe "secouer" ce plancton. Comme par magie, au contact de l'hélice, des rames ou des mains, l'eau s'illumine. Les enfants sont ravis, d'autant plus que nous avons pu consacrer à ce jeu autant de temps que nous le souhaitions, contrairement à la dernière fois où les organisateurs étaient un peu pressés...


Plage de Salinas del Sur Nous terminons notre route le long de la côte Sud de Vieques par la baie de Salinas del Sur. Ambiance très particulière : l'entrée est marquée par des récifs genre cailloux bretons. A l'intérieur, il y a aussi une grande caye classique des Caraïbes. Derrière cette caye, l'eau est turquoise, la plage est immense, de sable blanc très fin, avec de petits palmiers et une végétation assez sèche. C'est donc le désert... et pour cause. Vieques a été utilisée par l'US Navy jusqu'en 2003 pour des essais militaires. La moitié de la surface de l'île, presque toute la partie Est est inaccessible au public : la zone n'a pas été nettoyée et est dangereuse. Un accident il y a quelques années a obligé les autorités à condamner cette partie de l'île. Nous mouillons donc dans une baie mais nous n'avons en théorie pas le droit de débarquer sur la plage !
Rassurez-vous, nous avons quand même préalablement vérifié dans plusieurs guides et auprès d'autres navigateurs que le mouillage n'était pas interdit. Se pose quand même la question suivante : la terre n'est pas sûre mais rien ne garantit qu'il n'y ait pas non plus de déchets sous l'eau... Et si l'ancre tombait sur une vieille munition qui n'a pas explosé ? Nous avons jeté l'ancre, sommes allés sur cette merveilleuse plage de sable fin et avons passé une journée et une nuit bien au calme, seuls au mouillage. La colline est dominée par l'ancienne tour de surveillance. Il y flotte un drapeau rouge, qui signifie normalement que la zone est interdite car des tirs sont en cours...Aucun bruit ni aucun tir n'est venu troubler notre tranquillité, mais nous ne sommes pas restés très longtemps, reprenant la route dès le lendemain pour Culebra, l'autre vierge espagnole.

Culebra, isla preciosa (25/02 - 01/03/2011)


Chenal de Dakity Après Vieques, nous voici partis pour Culebra. Le temps est beau mais l'alizé frais ! Pour une fois, c'est une navigation rapide, on file enfin nos 8 noeuds. Nous entrons avec plus de 25 noeuds de vent dans Dakity Bay, au Sud de Culebra : mouillage au vent mais complètement protégé de la houle par un immense récif. Attraper la bouée dans ces conditions tourne au gag : la gaffe reste coincée dans le bout de la bouée et part à l'eau. Je plonge pour la récupérer et le capitaine manoeuvre ensuite le bateau pour me récupérer moi.
Après ce premier exercice, je trouve quand même que le bout de la bouée n'est pas en excellent état alors je replonge pour fixer une amarre de sécurité sur l'anneau même de ladite bouée. Beaucoup de bateaux sont concentrés dans les différents mouillages de Culebra. On comprend vite pourquoi : c'est une charmante petite île entourée d'eau claire, une belle petite perle dans les Caraïbes.
Nous emmenons les enfants jouer sur le banc de sable qui termine le récif : on peut sauter sur le bodyboard comme sur une planche de morrey, ramasser des étoiles de mer et des lambis (pour jouer, mais ils sont relâchés ensuite), faire des constructions. Nous faisons aussi la connaissance de l'équipage de Caroline, une famille parisienne en année sabbatique (6 mois en bateau - 4 mois en avion - 1 mois en Floride) qui termine la phase bateau de son voyage dans un mois en Guadeloupe.
Pour la première fois, nous laisserons également nos enfants (les trois grands) voyager seuls dans l'annexe avec Valentine au commande. Quels parents inconscients nous sommes devenus !

Ame de Culebra Nous changeons de mouillage pour nous rapprocher du village de Dewey. Celui-ci se situe au fond d'Ensenada Honda, encore une baie de mangrove qui s'enfonce au coeur de l'île. C'est le bourg principal de Culebra, qui s'étale autour du petit canal qui relie Ensenada Honda à la côte Ouest de Culebra, où accostent les ferries en provenance de San Juan. Le village est tranquille, avec ses maisons d'hôte, ses bars et restaurants où se retrouvent vacanciers, habitants et habitués (ces derniers étant pour la plupart des américains voileux).
Les deux curiosités principales sont le pont au-dessus du canal, sensé se lever pour laisser passer les bateaux mais qui ne s'est levé qu'une fois, le jour de son inauguration et l'école dite écologique. Culebra se donne une étiquette de protection de l'environnement : faune, flore, fonds...mais pour une si petite île, nous sommes vraiment contrariés de voir que la voiture (la jeep en particulier) y est reine ! Même si certaines résidences sont vraiment construites haut sur les collines, il serait tellement simple d'y promouvoir le vélo pour aller de plage en plage...Il n'y a d'ailleurs qu'un seul loueur de petite reine et nous devrons renoncer à notre projet de journée à bicyclette car il n'a pas de vélo pour enfant !
Qu'à cela ne tienne, nous décidons donc d'aller découvrir la Playa Flamenco, que l'on dit si belle, à pied ! Là encore, drôle d'idée aux yeux des locaux. Si bien qu'un policier faisant sa ronde finira par nous prendre dans son pick-up pour nous aider à parcourir le dernier kilomètre. Nous découvrons au Nord une anse magnifique, avec du sable blanc merveilleusement fin, sur lequel Lucas fera presque des kilomètres, et de belles vagues dans lesquelles les filles joueront pendant plus d'une heure, malgré le vent frais.
Les touristes américains que nous rencontrons à Dewey sont un peu "différents" : ils viennent ici pour les paysages, la plongée, le snorkelling et l'ambiance. Ils parlent français ! "Oh, Paris, c'est merveilleux" et sont capables de tenir une conversation qui va un peu plus loin que cette simple phrase...Les navigateurs semblent aussi aimer cet endroit car il y a, outre les happy-hours, le WiFi gratuit à volonté !

Culebrita Depuis quelques jours, le vent reste très soutenu. Il fait assez frais, il y a de nombreuses averses et nous attendons donc une accalmie pour continuer notre route vers l'Est. Celle-ci arrivant, nous levons l'ancre pour Culebrita, où nous passerons une nuit avant de nous diriger vers les US Virgin Islands, en commençant par Saint-Thomas. Nous ne dormirons d'ailleurs pas extrêmement bien car nous sommes les seuls à l'ancre au mouillage, plus aucune bouée n'étant disponible et il y a quelques récifs de corail dans lesquels nous ne souhaitons pas que la chaîne s'emmêle...Mais nous aurons bien visé, car bien que le vent ait quelque peu tourné pendant la nuit, nous n'aurons aucun souci au départ le lendemain matin.
La petite Culebra est elle aussi un bijou. L'eau est enfin transparente ; l'île est complètement sauvage, juste traversée par quelques sentiers de promenade : un vers le phare et deux vers les plages du Nord et de l'Est. Raphaël, Valentine et moi partons explorer le coeur de l'île : nous marchons avec précaution pour ne pas écraser les crabes de cocotiers qui pullulent et ne pas effrayer les petits animaux : rats des champs, minuscules oiseaux, papillons et grands volatiles genre faisans. Là aussi, nous finissons sur une magnifique plage, déserte, au vent. Nous commençons maintenant à avoir une idée assez précise de ceux que beaucoup nous ont décrit comme parmi les plus beaux trésors des Caraïbes, à savoir les îles vierges.
Et nous commençons aussi à re-rencontrer des charters : mais pour le moment, ceux-ci sont assez "luxueux" : immense trois-mâts et bateau de marchandises entièrement rénové au mouillage. Il y a des croisières à la cabine plus "classe" que d'autres...

Puerto Rico, Adios !


Isla del Encanto Même si nous restons dans les eaux américaines, nous avons terminé notre visite des territoires rattachés à Puerto Rico. Nous avons fini également de fréquenter les populations de langue espagnole : dommage, nous avons bien progressé dans l'usage de cet idiome que nous n'avons pourtant pas appris à l'école ! Même Lucas sait dire "Gracias" avec le bon accent ! Nous avons beaucoup aimé ces îles : les côtes et les mouillages sont extrêmement variés et agréables. Qui a dit que la côte sud de Puerto-Rico ne valait pas le détour ? San Juan est une ville que l'on adopte immédiatement.
La seule ombre au tableau est la disparition de mon papa, survenue au cours de ce séjour. Les souvenirs que nous aurons de cette île seront donc à la fois marqués par la joie et la peine.